C’est un cri d’alarme unanime que poussent les élus départementaux. Alors que l’Assemblée nationale examine le budget 2026, les départements dénoncent une « asphyxie » financière et une menace de faillites en série.
Derrière l'avalanche d’amendements identiques déposés par des députés de tous bords, de LR à LFI, se cache la même source : l’association Départements de France, qui plaide pour mettre fin aux « ponctions » de l’État. Son président, François Sauvadet (UDI), alerte sur un risque d’effondrement du modèle départemental, fragilisé par deux mesures du projet de loi : une contribution de 280 millions d’euros au « dispositif de lissage » des recettes locales et un écrêtement de 265 millions sur la TVA.
Tous les départements touchés
Les élus réclament en parallèle une aide de 600 millions d’euros pour le fonds de sauvegarde, soit plus de 1,1 milliard d’euros au total. Le malaise est palpable en Gironde, qui a voté un budget déficitaire de 98 millions d’euros, plaçant le département sous surveillance de la chambre régionale des comptes.
En juin, la Charente avait déjà connu un contrôle provisoire inédit. Le phénomène s’étend : 35 départements ont atteint en 2024 le seuil critique d’épargne brute fixé à 7 % des recettes, contre un seul deux ans plus tôt, selon la Cour des comptes. En cause, un violent « effet de ciseaux » : les recettes, tirées des taxes immobilières, s’effondrent avec la crise du logement, tandis que les dépenses sociales (RSA, APA) et salariales augmentent.
Même les départements historiquement solides voient leurs marges de manœuvre fondre. Certains, comme la Seine-Maritime, réduisent leurs aides locales, à l’image du Pass Jeunes divisé par deux. Malgré une légère reprise du marché immobilier début 2025, l’épargne nette des départements continue de plonger, -55 % selon les derniers chiffres.
Dans le mille-feuille administratif français, la strate départementale s’impose désormais comme le maillon faible du service public territorial, entre un État impécunieux et des dépenses locales incontrôlables.