« Il ne peut pas y avoir d’élections dans le contexte de tensions actuelles. » La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a évoqué dès le 26 octobre la volonté du parti au pouvoir de reporter les prochaines élections en Nouvelle-Calédonie.
Le compromis, trouvé le lendemain en une heure par la commission mixte paritaire, consistant à décaler les élections provinciales en Nouvelle-Calédonie, vise à calmer les tensions post-violences de 2024 en repoussant le scrutin clé pour le Congrès calédonien, dans un contexte de désaccord sur l’avenir institutionnel et le corps électoral.
La proposition de loi organique repousse les élections provinciales, prévues initialement le 30 novembre, au 28 juin 2026 au plus tard. Elle était initialement liée à l’accord de Bougival, rejeté par les indépendantistes du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS). Le texte mise sur un « accord consensuel » après un amendement socialiste supprimant la mention de Bougival.
Les votes solennels, à l’Assemblée et au Sénat, sont sans possibilité de retouche. Une majorité (Renaissance, LR, PS, MoDem) semble acquise, mais la présence des élus sera cruciale. « J’espère que tout notre groupe sera là », confie Nicolas Metzdorf, député calédonien Renaissance.
LFI, le RN et les écologistes s’opposent à ce report, LFI ayant déposé un barrage de 1 624 amendements.
Le Conseil constitutionnel statuera dès le 2 novembre sur ce report.
Le FLNKS, hostile au report, craint un dégel du corps électoral, gelé depuis 1998 pour protéger les Kanaks mais excluant un électeur sur cinq, ce qui risque de soulever une question d’inconstitutionnalité. Ce dégel favoriserait le vote uniquement des autochtones au détriment des autres populations arrivées plus tard et est fortement critiqué par LFI, pourtant favorable au vote des étrangers en France.
La ministre Naïma Moutchou, attendue à Nouméa, promet un dialogue « inclusif ». Mais sans consensus, ce report, dans un archipel riche en nickel et stratégique, pourrait raviver les braises des violences de 2024, qui avaient fait 15 morts.