Le possible feu vert de la France à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur relance la controverse. Alors qu’Emmanuel Macron jugeait le texte « mauvais » en février, son ton s’est récemment adouci, laissant craindre un revirement de la position française.
Dans une lettre ouverte diffusée le 28 octobre, 44 syndicats et ONG, dont la Confédération paysanne, la CGT, Greenpeace et France Nature Environnement, appellent le président à « clarifier » sa position et à former une « minorité de blocage » au sein de l’UE. Ces organisations dénoncent la décision de la Commission européenne de soumettre le texte à une ratification rapide, sans consultation des parlements nationaux, et jugent inacceptables les concessions faites à Bruxelles.
Le monde agricole français majoritairement contre
Pour tenter de calmer les inquiétudes, la Commission a introduit des clauses de sauvegarde destinées à protéger les « produits sensibles » européens, notamment agricoles, en cas de hausse soudaine des importations sud-américaines. Mais ces garanties, jugées « purement temporaires », ne convainquent ni les syndicats ni les écologistes.
Ils dénoncent un accord qui favoriserait la concurrence déloyale avec les producteurs du Mercosur, soumis à des normes environnementales et sanitaires moins strictes. Macron, pour sa part, affirme attendre les « réponses définitives » de Bruxelles et des pays sud-américains avant toute décision, tout en estimant que les dernières propositions vont « dans le bon sens ».
Cette prudence alimente cependant les soupçons d’un alignement progressif de Paris sur la position allemande, favorable à la ratification rapide du traité. Selon un sondage réalisé par le Cevipof et AgroToulouse, près de 80 % des agriculteurs français considèrent l’accord UE-Mercosur comme une « menace directe » pour leur activité et pour la souveraineté alimentaire du pays.