« Si Macron était autrefois le visionnaire-en-chef de l’Europe, il en est aujourd’hui le rabat-joie », c’est par ce titre que Politico a choisi de qualifier la place qu’occupe aujourd’hui Emmanuel Macron sur la scène européenne : celle d’un président passé du rôle d’inspirateur à celui de trouble-fête. D’après le média américain, jadis figure de proue de l’élan européen, il donne désormais l’image d’un chef d’État crispé, obsédé par les réactions de son opinion publique et paralysé par la peur de nourrir l’extrême droite.
Ses ambitions continentales s’érodent sous le poids des crises nationales. Selon plusieurs diplomates de l’Union, le président français, fatigué politiquement, s’est transformé en obstacle plutôt qu’en moteur. Ces derniers mois, il a rejeté plusieurs propositions : un « mur de drones » d’Ursula von der Leyen, la simplification du processus d’adhésion de nouveaux membres ou encore des normes écologiques plus strictes dans les accords internationaux. Toujours selon Politico, derrière cette prudence se cache la hantise d’une opinion publique française prompte à se braquer et d’un Rassemblement national toujours aux aguets.
Un proche de Macron aurait admis qu’« il ne s’agit pas du bon moment pour offrir des cadeaux à Le Pen ». Évoquer l’entrée de l’Albanie, du Monténégro ou de l’Ukraine dans l’Union reviendrait à « tendre une perche » à l’extrême droite tout en risquant la colère du monde agricole.
Cinq Premiers ministres en moins de deux ans, des crises à répétition, une autorité écornée : la France apparaît comme une puissance affaiblie, et son président comme un dirigeant à bout de souffle. Dans les couloirs de Bruxelles, on parle déjà de lui au passé. Plusieurs diplomates européens confient à Politico que Macron n’est plus l’homme qu’ils ont connu.