France

Budget 2026 : Retailleau et Wauquiez jugent le projet gouvernemental «invotable»

Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, figures des Républicains, fustigent le budget 2026 de l’exécutif, le qualifiant d’«invotable» pour la droite. Ils exigent des révisions majeures, menaçant de rejeter le texte et n’écartant pas la censure, dans un contexte de tensions sur les retraites et l’immigration.

Les déclarations de Bruno Retailleau, président des Républicains, et de Laurent Wauquiez, chef de file des députés LR à l’Assemblée nationale, traduisent un rejet frontal du projet de budget 2026 porté par Sébastien Lecornu. L’ancien ministre de l’Intérieur, qui accuse le gouvernement d’être aux mains des socialistes, qualifie le budget d’« invotable » pour son parti.

Le 21 octobre, lors d’une conférence de presse, Laurent Wauquiez a prévenu que son groupe ne voterait pas « automatiquement » un budget influencé par les socialistes. Dans une interview au Figaro publiée le même jour, Bruno Retailleau a dénoncé un texte qui « fait payer aux Français les délires et les vieilles lunes socialistes pour s’acheter du temps ». Ces critiques surviennent alors que le projet de loi de finances (PLF) est examiné en commission des Finances, sans recours à l’article 49.3, comme annoncé, laissant le champ libre aux amendements.

 

Des exigences sur la fiscalité et l’immigration

 

La suspension de la réforme des retraites, annoncée par le Premier ministre via une lettre rectificative au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), est jugée « terrible » par Bruno Retailleau. Laurent Wauquiez fixe de son côté deux priorités : une allocation sociale unique à 70 % du SMIC pour « revaloriser le travail » et le retour intégral de la défiscalisation des heures supplémentaires, héritage de Nicolas Sarkozy. Interrogé sur LCI le 21 octobre il a ainsi déclaré : « Ce n’est pas parce que l’on n’a pas censuré le gouvernement que l’on va voter automatiquement le budget ».

Sur le plan fiscal, les députés LR, menés par Jean-Didier Berger, revendiquent la suppression en commission d’une « taxe Zucman light » sur les holdings patrimoniales, remplacée par une version ciblant les successions.

L’immigration est un autre point de friction. Laurent Wauquiez propose une condition de trois ans de résidence pour l’accès des étrangers aux aides sociales non contributives, issue des débats sur la loi immigration de 2023. Il prône une réforme de l’aide médicale d’État (AME) en « soins d’urgence » et un durcissement des titres de séjour pour motifs médicaux, accusés de servir à « se maintenir sur le territoire ». Josiane Corneloup suggère de limiter le RSA à deux ans pour les personnes aptes au travail, afin de « mettre fin à l’assistanat ».Malgré la présence de six ministres LR au gouvernement, menacés d’exclusion, le groupe veut marquer sa différence.

En cas d’échec des négociations, Bruno Retailleau n’exclut pas la censure. Une menace qu’a aussi brandie le secrétaire général du Parti socialiste Olivier Faure tandis que le RN et LFI demeurent à l’affut d’un tel vote pour renverser le gouvernement et provoquer de nouvelles élections législatives.