Réagissant au cambriolage du Louvre, le fondateur de la messagerie Telegram, Pavel Dourov, a annoncé ce 21 octobre qu’il serait « heureux » de racheter les pièces dérobées afin de les offrir au Louvre d’Abou Dhabi. « Heureux d’acheter les bijoux volés et de les remettre au Louvre. Je veux dire au Louvre d’Abou Dhabi, bien sûr ; personne ne cambriole le Louvre d’Abou Dhabi », a-t-il ironisé.
Il avait déclaré précédemment ne pas être surpris de ce cambriolage, le jugeant révélateur d’une France affaiblie, plus prompte à détourner l’attention des problèmes qu’à les résoudre : « Nullement étonné par le braquage du Louvre. C’est un autre signe triste du déclin d’un pays autrefois grand, où le gouvernement a perfectionné l’art de distraire les gens avec des dangers fantômes au lieu de contrer de vraies menaces ».
Le 19 octobre, peu après l’ouverture du musée, trois individus ont réussi à s'y introduire en utilisant un monte-charge fixé à un camion. Après avoir brisé une fenêtre, ils se sont introduits dans la galerie d’Apollon, avant de s’en prendre à plusieurs vitrines abritant des bijoux d’une valeur jugée « inestimable».
L’ensemble de l’opération n’a duré que sept minutes, selon le ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez. Il a confirmé le vol de plusieurs pièces appartenant à la collection impériale, notamment des bijoux de Napoléon et de l’impératrice Eugénie. Colliers, diadèmes et broches figurent parmi les objets disparus. Selon les premières estimations, neuf pièces auraient été dérobées, dont l'une, la couronne de l'épouse de Napoléon III, a été retrouvée à l’extérieur, abandonnée et endommagé.
Dourov au sujet de son arrestation : «Immense préjudice porté à l’image de la France»
Le fondateur de Telegram connaît déjà la France sous un autre angle : en août 2024, il y a été arrêté à l’aéroport du Bourget. Le parquet de Paris l'a alors mis en examen pour plusieurs infractions liées à l’activité de sa plateforme. Il était notamment soupçonné d’avoir facilité des transactions illicites en bande organisée et d’avoir refusé de fournir aux autorités certaines données nécessaires à des interceptions judiciaires. Les enquêteurs lui reprochaient aussi d’avoir indirectement permis la diffusion de contenus pédopornographiques et la mise à disposition de programmes pouvant compromettre des systèmes informatiques.
Libéré le 26 août contre une caution de cinq millions d’euros, Pavel Dourov a été placé sous contrôle judiciaire avec l’obligation de se présenter deux fois par semaine à la police. Il a dénoncé la décision des autorités françaises, estimant qu’elles tentaient de lui faire assumer une responsabilité personnelle pour les usages illégaux de Telegram.
L’enquête s’est poursuivie tout au long de l’année suivante, sans qu’aucune charge précise n’ait été retenue contre Pavel Dourov. L’entrepreneur a estimé que cette affaire avait surtout terni la réputation de la France, qui se présente comme un pays de liberté. Il a évoqué une faute de procédure commise par la police française qui n'aurait pas utilisé les mécanismes juridiques prévus pour coopérer avec Telegram avant l’été 2024. Dourov rappelle que la plateforme disposait d’un représentant officiel dans l’Union européenne, chargé de répondre aux demandes des institutions, et que les autorités françaises auraient pu passer par ce canal.