La réforme de la police nationale, entrée en vigueur en 2024, est sous le feu des critiques dans un rapport présenté le 15 octobre par les députés Thomas Cazenave (Ensemble pour la République) et Ugo Bernalicis (La France insoumise).
Si elle a permis un décloisonnement, des failles persistent, freinant l’efficacité. Ce rapport jette une nouvelle ombre sur une institution déjà éclaboussée par la corruption.
Adoptée en 2020, cette réforme, la plus importante depuis 1966, a unifié renseignement, sécurité publique, police judiciaire (PJ) et police aux frontières sous un directeur départemental rattaché au préfet. Fini le cloisonnement des directions centrales, mais l’efficacité réelle reste incertaine, selon Cazenave. Le rapport déplore un « repli départemental » inadapté à la criminalité organisée, surtout pour la PJ.
Ugo Bernalicis juge que « la départementalisation n’est pas pertinente ». Un échelon zonal mal défini et une recentralisation des effectifs compliquent l’action, malgré l’absence de l’ingérence préfectorale que l’on redoutait. Le député a présenté avec son co-rapporteur 30 recommandations pour « consolider les quelques avancées positives » et « alerter sur l’urgence de revoir la copie face aux difficultés opérationnelles majeures et aux fortes disparités territoriales ».
La crise de la police judiciaire, marquée par une désaffection et des procédures en souffrance, n’a pas été résolue. « La réforme n’a ni aggravé ni amélioré l’attractivité », note Thomas Cazenave. Certains moyens de la PJ sont même détournés vers des enjeux locaux. Parmi les recommandations, une formation en « Y » est proposée : un tronc commun, puis une spécialisation en investigation ou en voie publique. Ugo Bernalicis plaide, lui, pour la création d’une direction générale de la PJ, comme la DGSI, afin de mieux lutter contre le crime organisé, tandis que Thomas Cazenave s’y oppose, craignant un retour aux silos, et prône davantage de coordination.