France

Rejet du pacte de refondation en Nouvelle-Calédonie : le dialogue bloqué par les indépendantistes

Le rejet du pacte de refondation économique, critiqué comme inégalitaire, par le FLNKS et d'autres mouvements laisse la Nouvelle-Calédonie en crise. Avec un PIB en chute de 13,5 % et des finances exsangues, les indépendantistes proposent un impôt sur le patrimoine face aux coupes étatiques.

Le « pacte de refondation économique et sociale » proposé par l’État français, issu de l’accord de Bougival, a été rejeté par plusieurs mouvements, dont le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS).

Ce pacte, destiné à relancer l’économie après les violences de mai 2024 (14 morts, des milliards de dégâts), vise 160 millions d’économies sur trois ans, incluant des coupes sur les allocations familiales (27 millions), une exonération d’impôt pour les nouvelles entreprises et une baisse de 10 points de l’impôt sur les sociétés.

Un pacte « inégalitaire » selon les indépendantistes

La ministre des Outre-mer, Naïma Moutchou, a participé en visioconférence aux discussions du 15 octobre, réaffirmant la détermination du gouvernement malgré un calendrier décalé par la crise politique en métropole. « Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a fait de la Nouvelle-Calédonie une priorité du gouvernement. Et le président de la République partage complètement cette volonté d’avancer. Avancer sans précipitation, mais sans pause », a-t-elle déclaré.

Les indépendantistes, comme Pierre-Chanel Tutugoro (UC-FLNKS), dénoncent un pacte « inégalitaire », rejetant l’accord de Bougival en totalité. Le FLNKS a répondu le 15 octobre avec ses propres propositions, prônant un impôt de solidarité sur le patrimoine (au-delà de 840 000 euros), pour corriger les inégalités : 44 % des revenus pour les 20 % les plus riches contre 5 % pour les plus modestes. Le PIB a chuté de 13,5 % en 2024, les recettes fiscales de 21 %, et les finances sont totalement exsangues.

Une mission interministérielle, dirigée par Claire Durrieu, prépare des mesures d’urgence, incluant la transformation en subvention du prêt garanti par l’Etat (PGE) de 1 milliard d’euros, dont 240 millions signés le 14 octobre par Alcide Ponga, président du gouvernement calédonien, conditionnés à des réformes fiscales adoptées en août au Congrès dans une ambiance tendue.

Ce rejet complique la mise en œuvre, avec un report des élections provinciales au printemps 2026, approuvé en urgence au Sénat le 15 octobre (299 voix contre 42). L’Assemblée nationale l’examinera dès le mercredi 22 octobre. La réforme constitutionnelle doit, elle, être approuvée d’ici à la fin de l’année.

La Nouvelle-Calédonie, collectivité française du Pacifique, reste fracturée par les tensions indépendantistes, avec le FLNKS principal opposant. Politiquement, cela prolonge l’instabilité, aggravant les inégalités et suspendant la reconstruction, dans un territoire où l’État cherche un dialogue tant bien que mal inclusif.