France

Suspension de la réforme des retraites : les socialistes renoncent à la censure

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé la suspension de la réforme des retraites, répondant aux exigences du Parti socialiste. En échange, les socialistes s’engagent à ne pas censurer le gouvernement, permettant ainsi un débat budgétaire dans un climat politique tendu.

Sébastien Lecornu, lors de son discours de politique générale, a cédé aux demandes du Parti socialiste (PS) en suspendant la réforme des retraites jusqu’en 2028, une décision saluée comme une victoire par les socialistes.

Ce compromis garantit la non-censure du gouvernement, évitant une crise politique immédiate. Pour Emmanuel Macron, c’est un nouveau désaveu, cette réforme étant la plus importante de ses deux mandats présidentiels.

Une victoire socialiste, mais un pari risqué

Le PS, sous la houlette d’Olivier Faure, célèbre une avancée majeure. « Nous ne censurerons pas », a déclaré Faure sur TF1, se disant « heureux pour les 3,5 millions de Français qui partiront plus tôt à la retraite ».

Cette suspension, qui fige l’âge de départ à 62 ans et 9 mois avec 170 trimestres de cotisation, répond aux revendications de la CFDT et du PS. Boris Vallaud, chef des députés socialistes, y voit « une fissure dans le dogme macroniste », tout en restant dans l’opposition pour le débat budgétaire.

Cependant, cette décision divise à gauche. Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, a dénoncé une « pseudo-suspension » et appelle les élus PS à désobéir et faire voter la censure, arguant que la suspension de la réforme décale seulement celle-ci à 2028 et baisse le pouvoir d’achat des retraités.

Les écologistes et communistes, eux, voteront la censure, isolant le PS en dépit de leurs désaccords avec la France insoumise lors des négociations avec le gouvernement. Fabien Roussel, du PCF, salue toutefois une « première victoire pour 500 000 salariés » tout en appelant à poursuivre le combat pour l’abrogation.

Le coût de cette suspension, évalué à 400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027, devra être compensé par des économies, selon Lecornu.

Cette annonce, en forme de sauvetage à haut risque, s’accompagne d’un refus de recourir au 49.3, autre exigence socialiste. Mais le PS reste vigilant, jugeant le budget « insupportable » et se tenant prêt à amender les textes. Ce compromis, bien que stratégique, expose les socialistes à des critiques d’opportunisme et pourrait fragiliser encore plus l’unité de la gauche face aux débats budgétaires à venir.