Sébastien Lecornu, 39 ans, ex-ministre des Armées, avait été nommé à Matignon le 9 septembre 2025 pour succéder à François Bayrou, dans un contexte de paralysie parlementaire post-législatives. Son gouvernement, dévoilé le 5 octobre, n'avait duré que 14 heures avant une démission le 6 octobre, critiqué pour son manque de renouvellement : 12 ministres reconduits sur 18. Ce record de mandat de chef de gouvernement, le plus court de la Ve République, avait approfondi davantage la situation de crise dans laquelle se trouve la France. Ce soir, les premiers mots du ministre ont été : « J’accepte par devoir la mission qui m’est confiée par le président ».
Après un premier passage très rapide à la tête d’un gouvernement sans ministre, l’ancien membre de l’UMP et proche de Bruno Le Maire, essaiera de former une équipe rapidement et de faire voter un budget pour 2026.
Un retour sous haute tension pour le Premier ministre sortant
Malgré ces revers, Macron opte pour la continuité et retente sa chance. Lecornu, macroniste fidèle et sans ambition pour 2027, a mené ces derniers jours des « ultimes consultations » avec les partis du « bloc central » (Renaissance, MoDem, Horizons, LR), excluant RN et LFI. L'Élysée table sur un accord de non-censure pour boucler le budget, prioritaire pour éviter une nouvelle dissolution.
Cette reconduite devrait conforter le RN et LFI dans leur volonté de censurer le gouvernement. Côté Insoumis, l’eurodéputé Anthony Smith a déploré « tout ça pour ça », résumant le sentiment de lassitude de son camp et d’une partie de l’opinion.
Le Premier ministre renommé devra donc se présenter devant l’Assemblée lundi avec le projet de budget pour 2026, conformément à ce qu’avait annoncé son ministre de l’Économie démissionnaire. Il devra également présenter un gouvernement en évitant le scandale comme il a pu le faire six jours plus tôt en nommant Bruno Le Maire ministre des Armées.
Dans un contexte économique plus que délicat, il devra non seulement convaincre un Parlement fracturé, avec une gauche qui menace de censure si la réforme des retraites n’est pas suspendue, mais aussi les marchés, alors que les notes financières de la France se sont dégradées au cours des derniers mois.
En cas d’échec de ce gouvernement Lecornu 2.0, difficile de ne pas imaginer un recours à la dissolution par le président Emmanuel Macron.