La démission surprise de Sébastien Lecornu ouvre une nouvelle séquence politique, amplifiée par une volte-face d’Élisabeth Borne, ministre démissionnaire de l’Éducation nationale.
Dans Le Parisien, elle se dit favorable à la suspension de la réforme des retraites qu’elle avait portée en 2023 via l’article 49-3, évitant de justesse une censure. Cette mesure, selon elle, permettrait de stabiliser la situation et d'éviter une dissolution de l’Assemblée, qu’elle juge risquée avant les municipales de mars 2026.
Un futur Premier ministre issu de la société civile ?
Cette proposition, visant à répondre aux syndicats (pénibilité, femmes) et au PS pour un accord budgétaire, marque l'abandon d'un symbole du macronisme, dont elle refuse de faire un « totem » tout en plaidant pour un dialogue face à une France fracturée.
Elisabeth Borne nuance son geste en rejetant un Premier ministre de gauche, préférant une personnalité de la société civile sans parti ni ambition présidentielle, capable d'apaiser les tensions partisanes. Cette idée, soutenue par Sébastien Lecornu qui a chargé Bercy d’évaluer l’impact de la suspension, trouve un écho chez Raphaël Glucksmann (Place publique), qui y voit une avancée, bien que floue.
L’ancienne Première ministre reconnaît la sensibilité des retraites en France, plaidant pour un examen des conséquences jusqu’à la présidentielle 2027, dans un contexte où le déficit budgétaire (4,7 %) et les négociations avec Les Républicains (exigeant des mesures anti-immigration) compliquent la donne. Cette ouverture surprend, après des mois de crispations sociales.
Ce revirement intervient dans un climat de défiance, avec des grèves imminentes et une légitimité de Macron de plus en plus contestée. Elisabeth Borne, consciente du risque d’« aquaplaning » politique, cherche à préserver l’exécutif, mais son appel à une figure neutre à Matignon (peut-être un technocrate comme un ancien PDG ou un haut fonctionnaire) divise : la gauche y voit une esquive, tandis que la droite exige des concessions claires.