France

Les Républicains hésitent à rejoindre le gouvernement Lecornu : un bras de fer autour des conditions

Bruno Retailleau conditionne l’entrée de LR au gouvernement Lecornu à un tiers des postes et à des mesures anti-immigration. Le Premier ministre a promis de donner réponse sous 24 heures. Cette hésitation, dans un contexte de tensions sociales et sécuritaires, met le Premier ministre sous pression avant sa déclaration de politique générale.

Bruno Retailleau, patron des Républicains (LR), a semé le doute sur la participation de son parti au gouvernement de Sébastien Lecornu après une rencontre tendue à Matignon le 2 octobre.

Le ministre de l’Intérieur démissionnaire a déclaré au Figaro que « le compte n’y est pas », exigeant un accord clair avant tout engagement. Il a réuni ses parlementaires pour trancher. Les Républicains réclament un tiers des postes ministériels, une loi sur l’immigration avec des mesures comme le rallongement de la rétention des sans-papiers ou un délit de séjour irrégulier, ainsi qu’une aide sociale plafonnée à 70 % du Smic, des conditions jugées insuffisamment remplies selon son entourage.

Retailleau fait monter les enchères

Sébastien Lecornu a promis une réponse sous 24 heures, avec une lettre d’engagement en préparation, mais l’incertitude persiste. Cette négociation s’inscrit dans un contexte où Lecornu, sous pression après sa nomination controversée (car macroniste de la première heure), cherche à former un gouvernement resserré de 25 ministres, un objectif salué par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée, qui espère voir le groupe LR intégrer le « socle commun ».

Cependant, la droite, forte de son influence à l’Assemblée, joue la carte de la fermeté, exploitant les tensions sociales autour de l’immigration et de la sécurité, alimentées par des affaires récentes impliquant notamment des cas OQTF. Les exigences de LR, alignées sur une ligne dure, contrastent avec la posture centriste de Lecornu, qui doit aussi ménager les autres forces politiques avant sa déclaration de politique générale prévue dans les prochains jours.

En coulisses, l’architecture gouvernementale se dessine avec les mêmes noms aux mêmes postes que sous le gouvernement Bayrou, mais l’absence d’un accord avec LR pourrait fragiliser la majorité, déjà menacée par une motion de censure potentielle.

Avec un budget 2026 à préparer (déficit prévu à 4,7 %) et des tensions sociales, Sébastien Lecornu marche sur une ligne de crête. Retailleau, conscient de son levier, pourrait forcer à des concessions, mais un échec des négociations risquerait de plonger l’exécutif dans une crise majeure.