Le Rassemblement national (RN) adopte une nouvelle stratégie à l’Assemblée nationale en acceptant de négocier avec le bloc central pour obtenir des postes-clés, marquant un tournant après des années d’isolement. Cette décision intervient lors de la rentrée parlementaire et vise à accroître l’influence du parti, devenu la première force d’opposition depuis les législatives sous la direction de Marine Le Pen. Environ vingt postes sont en jeu — vice-présidents, questeurs et secrétaires — symbolisant un pouvoir institutionnel que le RN cherche à consolider.
Cette ouverture s’explique par une volonté de dépasser l’exclusion subie lors des précédentes sessions, où son refus de compromis avait limité son impact. Le RN, qui avait perdu du terrain face à une gauche surreprésentée dans ces attributions, mise sur cette tactique pour renforcer sa légitimité, notamment après les bons scores aux municipales et une popularité persistante (33-35 % selon des sondages récents).
Le pari de l’intégration
Marine Le Pen, élue présidente du groupe RN en 2022, joue un rôle central, orchestrant ces discussions avec les macronistes et les modérés, malgré les traditionnelles tensions partisanes. La presse française note que cette stratégie pourrait permettre au parti de s’implanter durablement, en échange de soutiens sur des textes budgétaires ou législatifs, dans un contexte où le gouvernement Lecornu prépare un budget 2026 à 4,7 % de déficit.
Cependant, cette alliance de circonstance suscite des critiques internes, certains militants y voyant une compromission. Le bloc central, composé de Renaissance et d’alliés centristes, voit dans cette ouverture une opportunité de stabiliser une Assemblée fragmentée, mais reste prudent face aux ambitions du RN, accusé de vouloir instrumentaliser ces postes. Les négociations pourraient aboutir à un partage des responsabilités, avec des figures comme Jordan Bardella potentiellement pressenties pour des rôles de premier plan.
Cette évolution reflète une adaptation tactique du RN à un paysage politique instable et renforce son positionnement, tout en risquant de fragiliser son image d’opposition radicale.