France

France : sans rupture ni surprise, Lecornu dévoile un budget dans la continuité du plan Bayrou

Sébastien Lecornu a dévoilé les lignes de son projet budgétaire pour 2026. Le nouveau Premier ministre français confirme la trajectoire de rigueur, sans répondre aux revendications majeures de la gauche. Ni suspension de la réforme des retraites, ni retour de l’ISF, ni taxe Zucman : un cap qui suscite menaces de censure et mobilisation syndicale.

À peine arrivé à Matignon, Sébastien Lecornu affirme vouloir repartir d’une « feuille blanche », mais il reprend quasiment à l’identique la ligne de son prédécesseur François Bayrou. L’objectif reste une réduction du déficit à 4,7 % du PIB en 2026, avec une trajectoire inchangée de retour à 3 % en 2029. Le Premier ministre affirme vouloir éviter un budget « d’austérité et de régression sociale », tout en annonçant 6 milliards d’euros d’économies sur le « train de vie » de l’État.

Côté fiscalité, Sébastien Lecornu affirme qu’il ne veut pas « augmenter les impôts globalement ». Il écarte un retour de l’impôt sur la fortune (ISF) ainsi que la taxe Zucman, proposée par la gauche pour taxer les ultra-riches. Selon lui, cette dernière risquerait de faire fuir les capitaux français. En matière de dépenses sociales, 5 milliards d’euros sont annoncés pour la santé et 6 pour les retraites, mais sans détail sur les moyens réels de financement.

La réforme des retraites, point de tension majeur

Sur la question des retraites, le Premier ministre rejette catégoriquement la suspension de la réforme de 2023, pourtant demandée par les syndicats et le Parti socialiste. Il estime que cela « ne réglerait aucun des problèmes ». Il refuse également de relancer un nouveau conclave sur ce sujet.

Sébastien Lecornu laisse entendre qu’il pourrait valider certains ajustements déjà proposés par les partenaires sociaux, notamment sur la retraite des mères de famille ou la pénibilité. Mais aucune mesure concrète n’est encore actée. Le flou reste total sur d’autres points comme l’assurance-chômage, malgré des déclarations sur la nécessité de « lutter contre les abus des ruptures conventionnelles ».

Censure, colère syndicale et rapport de force à l’Assemblée

Les premières réactions ont été vives. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a déclaré que « aucun effort n’a été réalisé » et menace déjà de censurer le gouvernement. La France insoumise, par la voix de Jean-Luc Mélenchon, appelle à rallier une motion de censure dès l’ouverture de la session parlementaire. Le Parti socialiste ajoute dans un communiqué que le Premier ministre « prend le risque de plonger notre pays dans le chaos politique ».

Les syndicats CFDT, CGT, FO, Solidaires et autres dénoncent également un dialogue social inexistant. Une nouvelle journée de mobilisation est prévue le 2 octobre.

Faute de majorité, Sébastien Lecornu tente de rassembler autour du « socle commun » (centre-droite), tout en excluant toute alliance avec le PS ou les écologistes. À ce jour, il n’a toujours pas formé son gouvernement. Il a promis une équipe avant le 1ᵉʳ octobre, en insistant sur la loyauté aux grandes orientations qu’il annonce se fixer.