Un rapport accablant de la Chambre régionale des comptes (CRC) d’Île-de-France, publié le 24 septembre 2025, met en lumière la situation financière désastreuse de la Ville de Paris, dont la dette s’élève désormais à 9 milliards d’euros, soit environ 4 000 euros par habitant.
Ce document, élaboré dans la perspective des municipales de 2026, analyse les comptes de 2021 à 2024 et critique une gestion marquée par une dépendance excessive à l’emprunt, dépassant les seuils prudentiels, ainsi qu’une dégradation continue depuis 2014, malgré une embellie temporaire sous Anne Hidalgo.
Une politique verte qui coûte cher
La majorité municipale conteste ces conclusions, les qualifiant de « politiquement orientées » et instrumentalisées par l’opposition, mais le rapport soulève des enjeux cruciaux à sept mois des élections. Les principaux reproches portent sur une explosion des dépenses de fonctionnement, passées de 8,5 à 10,2 milliards d’euros entre 2021 et 2024, alimentée par des projets phares comme la piétonnisation des berges ou l’extension des vélos en libre-service, sans recettes correspondantes pour les équilibrer.
La CRC dénonce également une gestion peu transparente des subventions aux associations (600 millions d’euros annuels) et une sous-estimation des coûts des JO 2024, avec des dépassements estimés à 1,2 milliard d’euros. La dette, en hausse de 15 % sur trois ans, est aggravée par une réduction des transferts étatiques (–5 % depuis 2022), forçant Paris à s’endetter massivement, notamment auprès de la Banque européenne d’investissement, pour maintenir ses engagements.
La mairie se défend en invoquant les contraintes de la crise sanitaire et ses choix écologiques, avec 800 millions d’euros investis dans des projets verts entre 2021 et 2024, ainsi que des exonérations fiscales pour les petites entreprises pendant le Covid-19. Cependant, le rapport rejette ces arguments, soulignant un déficit structurel persistant depuis 2023, avec un taux d’épargne nette négatif, rendant les futurs investissements impossibles sans recours accru à la dette.
Les risques sont alarmants : la CRC prévient qu’une hausse des taux d’intérêt (prévue à 3,5 % en 2026 par la Banque de France) pourrait mener à un défaut, recommandant une coupe de 20 % des dépenses de fonctionnement d’ici 2028, soit 2 milliards d’euros.