France

Le cinéma français en crise : angoisse à Deauville pour le 80ᵉ congrès de la FNCF

À Deauville, du 22 au 25 septembre 2025, le 80ᵉ congrès de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) réunit 2 500 professionnels dans un climat sombre. Avec une fréquentation en chute libre de 15 % fin août, le secteur appelle à l'unité et à des mesures d'urgence pour raviver le désir des salles.

La fréquentation des salles de cinéma françaises atteint 99,98 millions d'entrées fin août 2025, soit 18 millions de moins qu'en 2024, marquant un recul de 15,1 %. Richard Patry, président de la FNCF, alerte sur une crise conjoncturelle mais grave, due à un manque d’offres attractives. « Il faut recréer le désir d’aller en salle », insiste-t-il, alors que l'inflation ronge le pouvoir d'achat et que les plateformes de streaming concurrencent les exploitants.

Le congrès, initialement festif pour son 80ᵉ anniversaire, se déroule sous le signe de l'angoisse. Les exploitants arrivent « avec une forme d’inquiétude », confie Richard Patry dans une interview au média Le Film français. Les chiffres du CNC sont accablants : août a enregistré une chute de 29,4 % des entrées, le pire mois depuis 1999 hors Covid.

Une filière sous tension, entre baisses et appels à l'aide

Toutes les catégories d'exploitation sont touchées — petites, moyennes et grandes — avec des marges « désormais inexistantes » pour les indépendants, comme le déplore Rafaël Maestro, président de la branche petite exploitation.

Dans ce contexte, les débats portent sur des solutions concrètes. Le Comité de concertation distributeurs–exploitants, que Patry co-anime, a déjà recommandé de limiter les avant-premières massives pour apaiser les tensions exacerbées par la crise.

Prochain sujet : les plans de sortie des films, avec une recommandation attendue fin 2025 ou début 2026. Par ailleurs, l’éducation à l’image émerge comme un levier vital. Lors d'une table ronde le 23 septembre, Édouard Geffray a présenté son rapport, salué comme une « base considérable » pour relancer l’initiative « Ma classe au cinéma », destinée à sensibiliser les jeunes au 7ᵉ art.

Le CNC s'engage à neutraliser les baisses de crédits des DRAC, tandis que 67,6 % des élèves apprécient ces dispositifs, selon une étude relayée par Le Film français.

Sur les réseaux, l'inquiétude fuse. La sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly, active sur X, déclare : « Mobilisée depuis un an pour la sauvegarde de nos dispositifs d’éducation à l’image, j’ai tenu à participer à la table ronde [Geffray] lors du congrès #FNCF », témoignant de la dimension politique du sujet.

Parallèlement à ces initiatives professionnelles et politiques, des mutations s'opèrent, comme le rachat partiel d'UGC par Canal+, analysé dans le podcast Soft Power comme un « pari controversé » pour contrer la concurrence numérique.