La France n’ouvrira pas d’ambassade en Palestine tant que le Hamas n’aura pas relâché les derniers otages israéliens, a annoncé Emmanuel Macron dans un entretien à CBS diffusé ce 21 septembre, à la veille de l’annonce qu’il doit faire de la reconnaissance de la Palestine par Paris.
« Reconnaître un État palestinien aujourd’hui est le seul moyen d’apporter une solution politique à cette situation qui doit cesser », a défendu le président français concernant cette décision qui devrait laisser Washington parmi les dernières chancelleries de la planète à ne pas reconnaitre l’existence d’un État palestinien.
« Mais vous ne faites pas de la libération des otages une condition avant la reconnaissance », enchaîne alors la journaliste américaine, sur un ton grave. « Ce sera pour nous une condition claire avant d'ouvrir, par exemple, une ambassade en Palestine », a alors assuré Emmanuel Macron. « Cette condition est la première d'une série de préalables que nous allons défendre au sein du processus de paix », a-t-il ajouté et d’assurer qu’il annoncerait la reconnaissance d’un État palestinien.
Si les États-Unis, par la voix du secrétaire d’État Marco Rubio, avaient fustigé la décision d’Emmanuel Macron, estimant qu’elle aurait donné le sentiment au Hamas d’être « récompensé », en France le locataire de l’Élysée est critiqué pour son inaction afin de mettre un terme à ce conflit qui déchire le Proche ainsi que le Moyen-Orient depuis près de deux ans.
C’est notamment la ligne tenue par l’ancien Premier ministre et chef de la diplomatie française sous Jacques Chirac, Dominique de Villepin, estimant qu’Emmanuel Macron devra « rendre des comptes » devant le « tribunal de l’Histoire ». « La reconnaissance c’est un principe », a-t-il balayé ce 21 septembre, sur Radio J, alors qu’il était interrogé sur les conditions auxquelles Emmanuel Macron aurait pu subordonner cette reconnaissance d’un État palestinien, et d’enchaîner : « un principe, cela ne se négocie pas ».
« Une capitulation morale face au terrorisme »
« Dire que c’est une victoire pour le Hamas, c’est un péché contre l’esprit », a-t-il encore déclaré, fustigeant les parties de la guerre : le gouvernement de Benjamin Netanyahou « et en particulier ses ministres les plus extrémistes » et le Hamas. « Le Hamas, depuis le départ, joue contre la solution politique », a poursuivi de Villepin, « le Hamas veut un État depuis le Jourdain jusqu’à la mer ».
À l’inverse, des personnalités médiatiques en France ont appelé Emmanuel Macron, dans une lettre ouverte, à conditionner la reconnaissance d’un État palestinien à la libération des otages ainsi qu’au démantèlement du Hamas, estimant qu’autrement il s'agirait d'« une capitulation morale face au terrorisme ».
En juin, depuis Singapour, sans dire s’il reconnaitrait un État palestinien, à l’occasion d’une conférence de l’ONU à laquelle il devait prendre part, mais tout en déclarant qu’il s’agissait d’une « exigence politique », Emmanuel Macron avait énuméré une série de conditions. En l’occurrence : la « libération des otages » encore détenus par le Hamas, la « démilitarisation » de ce dernier et sa « non-participation » à la gouvernance de l’État palestinien. Un État qui devrait reconnaître Israël et « son droit à vivre en sécurité », le tout accompagné de la « création d’une architecture de sécurité dans toute la région ».