À l’occasion du 22 septembre, jour où Emmanuel Macron entend officiellement reconnaitre l’État palestinien aux Nations unies, le drapeau palestinien, ainsi qu’« en dessous » ceux « de la France, de l’Union européenne, de l’ONU, d’Israël et de la paix », seront accrochés sur le fronton de la mairie de Saint-Ouen a annoncé son maire socialiste, Karim Bouamrane, dans un entretien accordé à Tribune dimanche.
Un moment qui « ne doit pas », a ajouté l’édile, « nous empêcher de combattre la politique génocidaire et colonialiste du gouvernement d'Israël, incarnée par Benjamin Netanyahou et l'extrême droite israélienne ».
« À terme, la communauté juive de France devra assumer que le drapeau palestinien n'est pas synonyme de volonté de destruction d'Israël », a également estimé Karim Bouamrane. « Au même titre qu'une partie de nos militants doit comprendre que le mot "Israël" n'est ni tabou ni associé à la politique de M. Netanyahou », a-t-il poursuivi.
Bataille des drapeaux : règlement de comptes au PS
Cette annonce survient sur fond de polémique en France après l’appel aux maires, lancé par le député de Seine-et-Marne et premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure, à « faire flotter » le 22 septembre le seul drapeau palestinien sur le fronton des hôtels de ville. Une déclaration « inappropriée et maladroite », a sur ce point confié Karime Bouamrane. Cette initiative du patron du PS a créé des dissensions au sein même du parti.
L’élu seine-et-marnais et son homologue de l’Essonne, Jérôme Guedj (PS), s’étaient accrochés par médias interposés concernant cet appel. Dans une interview à L’Opinion, publiée le 16 septembre, Jérôme Guedj déclarait que cet appel avait suscité « un puissant malaise par-delà les frontières de la communauté juive ».
Des accusations « honteuses », a rétorqué Olivier Faure. « Laisser penser un seul instant que je puisse, moi, avoir la moindre pensée antisémite, c'est une folie », avait poursuivi le Premier secrétaire du PS, sur TF1, le 19 septembre.
« Une prise de parti dans un conflit international », dénonce le ministère de l’Intérieur
Le même jour, du côté du gouvernement, la place Beauvau - qui n’avait rien trouvé à redire concernant les drapeaux ukrainiens hissés par de nombreuses mairies dans la foulée du début de l'opération militaire spéciale en Ukraine - a dénoncé dans un communiqué un « pavoisement » qui nuirait au « principe de neutralité du service public ».
« Un tel pavoisement constitue une prise de parti dans un conflit international » et « une ingérence contraire à la loi », stipule cette note signée du secrétaire général du ministère de l’Intérieur, Hugues Moutouh.
Dans la foulée, le préfet des Hauts-de-Seine avait fait intervenir la police à la mairie de Malakoff, afin de contraindre le personnel à retirer le drapeau palestinien hissé quelques heures plus tôt sur le fronton du bâtiment. Face au refus de l’édile communiste, Jacqueline Belhomme, le Préfet avait saisi le lendemain le tribunal administratif de Cergy-Pontoise qui, dans la journée, lui avait donné raison.
La mairie, qui a dénoncé « un coup de force préfectoral contre la libre administration des communes », n’a pas retiré depuis l’étendard vert, noir, rouge et blanc. Plusieurs maires, notamment ceux de Nantes et de Saint-Denis, ont annoncé leur intention de hisser le drapeau palestinien au fronton de leur hôtel de ville.