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France : des proxénètes mineurs jugés pour exploitation sexuelle d'adolescentes de 13 à 15 ans

Sept jeunes proxénètes, dont leur chef Warren M., sont jugés à Pontoise pour avoir exploité sexuellement quatre adolescentes de 13 à 15 ans entre 2020 et 2022, via un réseau structuré générant des profits dans des hôtels et des voitures. Les victimes, vulnérables et traumatisées, décrivent un calvaire psychologique.

Le 15 septembre 2025 s'ouvre aux assises des mineurs du Val-d'Oise à Pontoise le procès de sept jeunes, dont une femme et six hommes mineurs ou jeunes majeurs au moment des faits. Ils sont accusés de proxénétisme aggravé sur des filles de 13 à 15 ans en 2020.

L'enquête, déclenchée en octobre 2021 par une découverte policière à Cergy (un homme de 19 ans avec une fugueuse de 14 ans dans un hôtel) et relancée en mars 2022 par un signalement anonyme, révèle un réseau structuré d'exploitation sexuelle.

La prostitution touche 20 000 mineures en France

Les victimes, vulnérables et placées en famille d'accueil (ASE), ont été contraintes à des actes sexuels quotidiens dans des hôtels et voitures de clients, générant des profits importants pour les accusés, surtout Warren M., le chef présumé, décrit comme agressif et manipulateur. Les quatre filles, dont Emma (13 ans à l'époque), ont subi près d'un an d'exploitation entre 2021 et 2022, avec jusqu'à 40 « passes » par mois pour l'une d'elles.

Les expertises psychologiques soulignent un traumatisme profond : une victime, Lina, décrit Warren M. comme un « psychopathe, comme dans les films américains ». L'avocate Marion Ménage témoigne : « Il y en a une qui est capable de dire "je suis morte à l’intérieur, ils m’ont tuée, je suis morte à l’intérieur" ».

Après son arrestation, Warren aurait fait enlever et tabasser Emma, écopant de cinq ans de prison pour ces faits. Les rôles étaient hiérarchisés : recrutement, surveillance, publicité en ligne et logistique, sans égard pour l'intégrité des filles. Le procès, à huis clos sur 15 jours, oppose les accusés – des lycéens, un collégien et des chômeurs – à la justice. L'avocat de Warren, Hedi Dakhlaoui, affirme que son client, qui a aujourd'hui mûri, reconnaît partiellement les faits et exprime des remords.

Les parties civiles, soutenues par « Innocence en Danger », dénoncent l'absence de respect psychologique et physique. Caty Richard, avocate, pointe un manque total d'humanité. Ce cas illustre une hausse de 70 % des signalements de prostitution de mineures en cinq ans, touchant jusqu'à 20 000 filles en France. Les accusés risquent 10 à 20 ans de prison ; l'issue reste incertaine, mais les avocates s'interrogent : « Comment vont-elles aujourd’hui construire leur vie de femme ? »