« Je vous le répète, nous ne voulons pas d’augmentation d’impôts. Cette position très raide est celle de nos adhérents. Ils sont très inquiets », a martelé auprès du Parisien Patrick Martin, le patron du Mouvement des entreprises de France (Medef), interrogé sur les « concessions » qu’il serait prêt à « lâcher » alors que le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu tend la main au Parti socialiste (PS). « D’ailleurs, si les impôts augmentent, il y aura une grande mobilisation patronale », a-t-il averti.
« Les entreprises ne peuvent pas supporter de nouveaux impôts ou des hausses d’impôts supplémentaires », a insisté Patrick Martin, qui a notamment rappelé le statut de la France, championne des prélèvements obligatoires au sein de l’OCDE. « Je rappelle qu’elles ont supporté 13 milliards d’euros de prélèvements supplémentaires en 2025 », a-t-il souligné. Et de rappeler : « On nous avait promis des baisses d’impôts de production (la CVAE) qui ne se sont pas concrétisées. »
Le président du Medef a fait part d’un mécontentement « de plus en plus fort » des chefs d’entreprise en France. Au-delà du contexte international – hausse des tarifs douaniers aux États-Unis et « guerre commerciale avec la Chine » –, Patrick Martin a pointé du doigt la conjoncture économique ainsi que « des positions » du PS qui « immanquablement auraient un effet récessif » si elles étaient appliquées.
« Elles nous paraissent tellement déconnectées de la réalité, comme la taxe Zucman, qu’on se demande si ce n’est pas une provocation », a-t-il poursuivi à propos de cette taxe exigée par le PS au nom d’« une vraie justice fiscale ». Celle-ci vise à taxer à hauteur de 2 % les patrimoines de plus de 100 millions d’euros, en incluant les entreprises dans le calcul de l’assiette.
Des économies à chercher du côté de l’État, estime Patrick Martin
Un projet de taxe qui inquiète d’autant plus qu’une certaine confusion entre revenus et patrimoine semble de mise au sein des responsables politiques de la gauche française, à l’instar du député LFI de Seine-Saint-Denis Éric Coquerel, président de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale.
Également perçu comme « presque une provocation », d’après Patrick Martin : la retenue de François Bayrou vis-à-vis du fonctionnement de la « sphère publique ». L’ancien Premier ministre, renversé le 8 septembre à l’issue d’un vote de confiance sur la question des finances publiques, prévoyait en 2026 de ne pas remplacer 3 000 fonctionnaires partant à la retraite « sur les 144 000 [départs] prévus », a souligné le président du Medef.
« Je pense que le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite, soit 70 000 en moins l’an prochain, paraît raisonnable », a-t-il poursuivi auprès du quotidien, après avoir affirmé que « si des entreprises avaient un tel niveau de tension budgétaire, je peux vous assurer qu’elles prendraient des mesures bien plus fortes ! ». Seraient épargnés « les postes en première ligne dans l’éducation, la santé ou les forces de l’ordre », a précisé Patrick Martin.