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Réseau France Santé : le syndicat MG France sceptique sur le recrutement de 10 000 médecins

Le syndicat MG France critique le plan de 5 000 maisons France Santé annoncé par Sébastien Lecornu, estimant qu'il nécessitera 10 000 médecins introuvables. France Assos Santé exprime des doutes sur la faisabilité et appelle à impliquer les infirmiers et à clarifier les horaires et les statuts.

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé la création de 5 000 « maisons France Santé » d'ici 2027, inspirées des maisons France Services, pour garantir un accès aux soins en 30 minutes maximum partout en France. Cette mesure vise à lutter contre les déserts médicaux, un fléau touchant des millions de Français, en favorisant une offre de soins de proximité.

Cependant, le principal syndicat de médecins généralistes, MG France, exprime de vives réserves sur la faisabilité du projet. Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint, s'interroge : « Cela nécessite au moins deux médecins par maison. Ça va faire le recrutement de 10 000 médecins. Où va-t-on les trouver ? »

Il déplore n'avoir pas été consulté et craint que cette initiative ne déplace les problèmes plutôt que de les résoudre : « On va dé-couvrir des endroits pour en couvrir d'autres. » Jean-Christophe Nogrette pointe du doigt le manque criant de généralistes prêts à assurer un suivi à long terme, essentiel pour les maladies chroniques.

Des doutes sur la faisabilité d'une telle mesure

Selon lui, « l'offre de soins souffre principalement du manque de médecins généralistes prêts à prendre en charge les patients dans la durée ». Il révèle que « 60 % des médecins généralistes en France ne font pas de médecine générale traitante, mais autre chose », comme l'esthétique ou la rééducation, car « ce métier est devenu difficile, ardu, et pas le mieux rémunéré ».

Jean-Christophe Nogrette distingue deux scénarios : si les maisons se limitent à des soins ponctuels (« one shot », comme des angines ou rhumes), le recrutement pourrait être plus aisé ; mais pour un rôle de médecin traitant durable, « ça va être plus difficile à trouver ». Malgré ces critiques, il se montre ouvert : « Je suis très heureux que le Premier ministre fasse de la santé et de l'accès aux soins l'une de ses préoccupations majeures. » Il se dit « prêt à le rencontrer pour en discuter ».

De son côté, France Assos Santé, qui représente les usagers, réagit avec prudence. Son président, Gérard Raymond, avoue : « Ça nous pose beaucoup plus d'interrogations que de certitudes, mais pourquoi pas. » Il alerte sur un possible « effet d'annonce » et questionne le statut des professionnels : « Est-ce que ce sera libéral ou salarié ? »

Gérard Raymond plaide pour impliquer d'autres acteurs, comme les infirmiers pour les premiers conseils, et s'interroge sur les horaires : « Les maisons de santé seront-elles ouvertes 24 heures sur 24 ? En permanence le week-end ? » Ces réactions soulignent les défis structurels du système de santé français, marqué par une pénurie de praticiens et des inégalités territoriales.

Le gouvernement, via son Premier ministre, mise sur ce réseau pour inverser la tendance, mais sans plan clair de formation ou d'incitation, le projet risque de buter sur la réalité du terrain. Les prochains mois seront décisifs pour concrétiser cette ambition, alors que les déserts médicaux persistent et que la confiance des soignants et patients est érodée.