Sébastien Lecornu, ancien ministre des Armées, a officiellement pris ses fonctions de Premier ministre le 12 septembre, marquant le début d'une nouvelle ère politique en France après une période d'instabilité. Dès sa nomination, il s'est lancé dans une série de consultations intensives avec les forces politiques de la coalition gouvernementale et les partenaires sociaux, dans le but de former un gouvernement stable et de préparer le budget 2026.
Le Premier ministre a également planifié son premier déplacement officiel pour ce 13 septembre en Saône-et-Loire, à Mâcon. Dans la matinée, il visitera un centre de santé départemental, où il rencontrera les élus et l'équipe médicale pour découvrir un modèle innovant d'accès aux soins. Ce choix thématique sur la santé souligne les priorités du gouvernement face aux défis du secteur public, marqué par des pénuries de personnel et des inégalités territoriales.
Lecornu attendu au tournant
Le 12 septembre, Sébastien Lecornu avait reçu à Matignon les responsables de la CFDT en fin de matinée, qualifiant l'échange d'« extrêmement franc », selon Marylise Léon, sa secrétaire générale. Celle-ci s'est félicitée de l'écoute du Premier ministre, notant que le « conclave des retraites » – un projet controversé – avait été « définitivement enterré ».
La CFDT a également réclamé l'abandon de la suppression de deux jours fériés, mesure proposée par François Bayrou et que le nouveau Premier ministre envisagerait de retirer, selon des sources proches de Matignon. En soirée, c'était au tour du Medef d'être reçu, tandis que les syndicats CGT, CFTC, CFE-CGC et la CPME seront invités les 15 et 16 septembre.
Ces discussions s'inscrivent dans un contexte tendu, avec une journée intersyndicale de grèves et de manifestations prévue le 18 septembre contre les réformes budgétaires. Sébastien Lecornu, connu pour son profil technocratique et sa loyauté envers Emmanuel Macron, hérite d'un paysage politique fragmenté après la dissolution de l'Assemblée nationale et la chute du précédent gouvernement lors d'un vote de confiance.
Sans majorité absolue, il doit naviguer entre concessions et fermeté pour éviter une nouvelle censure. Les réactions politiques fusent de tous côtés. Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, a déclaré lors de la Fête de l'Humanité qu'il ne « censure pas a priori » le gouvernement, mais exige une « marque profonde d'un changement de politique », notamment sur le budget.
De son côté, Jordan Bardella, président du Rassemblement national, met la pression en réclamant une « rupture franche » avec les politiques passées, sous peine de motion de censure, et appelle à de nouvelles élections pour « renouer avec la stabilité ».
Sébastien Lecornu semble ouvert à des concessions pour faire adopter le budget 2026, qui prévoit un déficit à 5,4 % du PIB. Son entourage indique qu'il n'a « pas de tabou » sur la fiscalité, mais la taxe Zucman sur les hauts patrimoines n'est pas à l'ordre du jour. Dans ce climat, le Premier ministre doit consolider une coalition fragile pour éviter l'impasse, tout en répondant aux attentes sociales. Son mandat, qualifié de « précaire » par l'opposition, sera testé dès le vote budgétaire. Ce début prometteur cache des enjeux cruciaux pour la stabilité du pays.