Deux blessés, dont une gravement touchée, mais un pronostic vital non engagé. Le 10 septembre, vers 14 heures, l'horreur a frappé le lycée horticole Vert d'Azur d'Antibes, dans les Alpes-Maritimes. Un ancien élève de 18 ans, de nationalité turque, s'est introduit dans l'établissement armé d'un couteau de cuisine. Vêtu d'un treillis et d'un t-shirt noir, il a d'abord attaqué une lycéenne de 16 ans au visage, lui infligeant des blessures légères, avant de se diriger vers la salle des professeurs. Là, il a porté trois coups à une enseignante d'anglais de 52 ans, la blessant grièvement au thorax et aux membres.
Les victimes ont été évacuées par les pompiers et hospitalisées ; en fin de journée, leur pronostic vital n'était pas engagé. L'établissement, un vaste campus de 10 hectares dédié aux formations horticoles et agricoles, abrite 450 élèves. À l'heure des faits, une centaine d'élèves et d'enseignants étaient présents. Les élèves ont été confinés dans leurs salles, tandis que l'assaillant, se dirigeant vers l'arrière du bâtiment, est tombé nez à nez avec le proviseur. Ce dernier, avec un sang-froid remarquable, s’interpose. Dialogue. Le drame s’arrête là. Une équipe de la police nationale d'Antibes est intervenue dans le calme, procédant à l'interpellation sans violence. Un sac à dos abandonné dans la cour a révélé un second couteau, renforçant les soupçons d'un passage à l'acte prémédité.
Les réactions politiques ont fusé. Jean Leonetti, maire d'Antibes, a salué le « courage du proviseur », quand Annie Genevard, ministre de l'Agriculture démissionnaire, s'est rendue sur place : « L'école doit rester un sanctuaire républicain ; la violence n'y a pas sa place. »
Élisabeth Borne, ministre de l'Éducation, a exprimé sa solidarité, tandis que Renaud Muselier, président de la Région PACA, a qualifié l'acte de « crime incompréhensible et inacceptable ». Jordan Bardella, sur X, a interrogé la présence en France d'un « individu étranger fiché S », et Éric Ciotti a dénoncé une « terrifiante attaque ».
Ce drame s'inscrit dans une série noire : la semaine dernière à Martigues, un enseignant a été blessé par un collègue ; en juin à Nogent, une surveillante a été tuée par un collégien ; en avril à Nantes, une adolescente est morte et trois autres ont été blessés.
L’ombre de 2024
Placé en garde à vue pour « tentative d'assassinat » et « introduction armée dans un établissement scolaire », le suspect de 18 ans, fiché S pour radicalisation, n'en est pas à son coup d'essai. Né en 2007 et ancien élève du lycée, il avait été interpellé en avril 2024, alors mineur, pour apologie de crimes et préparation d'une tuerie de masse visant précisément cet établissement.
À l'époque, les perquisitions à son domicile avaient mis au jour un couteau de chasse, un gilet pare-balles, des carnets détaillant son projet criminel et des croix gammées sur les murs de sa chambre. Un expert psychiatrique l'avait décrit comme « très perturbé et dangereux », islamophobe, raciste, antisémite, et fasciné par Anders Behring Breivik (auteur des attentats d'Oslo en 2011) et les tueurs de Columbine (1999). Interné en mars 2024 puis incarcéré jusqu'en décembre, il avait été libéré sous contrainte en juillet dernier, malgré les alertes.