Dimanche 31 août, Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, a tiré la sonnette d’alarme sur LCI concernant la situation budgétaire française, qu’il juge « préoccupante et grave, un peu plus qu’il y a un an ».
À une semaine du vote de confiance du 8 septembre, qui pourrait faire tomber le gouvernement de François Bayrou, il a insisté sur l’urgence d’adopter un budget dans les délais constitutionnels, soit avant le 15 octobre, pour respecter les 70 jours de débats parlementaires requis.
Une dette abyssale mais pas de risque d’intervention du FMI selon Moscovici
La France, avec une dette publique représentant 114 % du PIB, se classe troisième en zone euro, derrière la Grèce et l’Italie. Si Pierre Moscovici écarte un scénario catastrophe à la grecque, il souligne que « le vrai problème est le coût de la dette ». En 2025, la charge des intérêts s’élève à 63 milliards d’euros, contre 21 milliards en 2021, et pourrait devenir le premier poste de dépenses en 2026, dépassant l’éducation et la défense.
La Cour des comptes mettait déjà en garde le gouvernement au début du mois de l’année 2025.
Cette dette, détenue à 53-55 % par des investisseurs étrangers, expose la France à une surveillance accrue des marchés. « S’ils estiment que le pays n’est pas bien géré, ils renchérissent le coût de la dette, ce qui étrangle l’action publique », avertit-il.
Le Premier président de la Cour des comptes se veut néanmoins rassurant sur le risque d’une intervention du FMI.
Dans un contexte politique tendu, avec une Assemblée nationale fragmentée, Moscovici appelle à un compromis. « Cela ne peut pas être le budget dont rêve la droite ou la gauche, mais un texte qui rassemble une majorité de non-censure », insiste-t-il, saluant l’« audace » du vote de confiance initié par François Bayrou qui n’a pas hésité à mettre en cause directement les Français.
Ce dernier défend un budget visant 44 milliards d’euros d’économies pour ramener le déficit sous les 3 % du PIB d’ici 2029. Une proposition du Parti socialiste, visant un déficit à 2,8 % en 2032, est jugée trop laxiste par Moscovici, qui redoute un dérapage si la trajectoire n’est pas respectée.
Pour le premier président de la Cour des comptes, il est crucial d’éviter une crise plus profonde : « Plus la crise s’approfondit, plus ça coûte cher. ».
Il rejette toute idée d’austérité brutale, mais prône une contribution des plus aisés et des retraités. « Le FMI ne viendra pas à Paris », rassure-t-il, tout en appelant à une gestion rigoureuse pour restaurer la crédibilité financière de la France.