Lors de son déplacement en Guadeloupe, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a dévoilé un arsenal de mesures pour contrer la montée du narcotrafic et de la délinquance dans l’archipel, confronté à une vague de violences sans précédent. Avec 27 homicides par arme à feu recensés en 2025, contre 33 pour toute l’année 2024, la Guadeloupe se place parmi les territoires les plus touchés de France, juste derrière la Guyane.
Un dispositif contre le trafic dans un contexte alarmant
Bruno Retailleau, en visite depuis le 21 août après un passage en Martinique, a fait de la sécurité une priorité. Pour renforcer les investigations, 13 nouveaux enquêteurs rejoindront l’Office anti-stupéfiants (Ofast) dans les mois à venir. Un laboratoire d’analyse balistique, inauguré à Basse-Terre, permettra de réduire les délais d’enquête, jusqu’alors ralentis par l’envoi des analyses à Écully, en métropole.
Ce dispositif, selon le ministre, économisera « huit à dix mois » sur les investigations liées aux homicides. Par ailleurs, deux escadrons de gendarmerie mobile et deux brigades nautiques, l’une à Gourbeyre (gendarmerie) et l’autre à Pointe-à-Pitre (police), seront déployés pour sécuriser les 700 km de côtes guadeloupéennes.
Le ministre a également annoncé des moyens techniques : deux radars surveillant les canaux de la Dominique et des Saintes, ainsi qu’un drone pour contrôler les arrivées maritimes, points d’entrée majeurs pour la drogue. Le port et l’aéroport, zones stratégiques, bénéficieront d’un audit par le secrétariat général de la mer, alors que le projet « Hub Antilles » pourrait accroître les risques de trafic. Un scanner mobile, déjà opérationnel, a permis la saisie de 55 kg de cocaïne vendredi dernier, tandis que le dispositif « 100 % contrôle » à l’aéroport limite le passage des « mules » transportant des stupéfiants. Bruno Retailleau a inauguré une brigade de gendarmerie à La Boucan, quartier sensible de Sainte-Rose, où police municipale, gendarmerie et réservistes patrouilleront ensemble. Cette initiative, saluée par les élus locaux, vise à renforcer la proximité avec la population et à prévenir la délinquance. Elle s’inscrit dans un contexte sécuritaire plus large puisque l’Ofast a révélé au début du mois d’août que la France constitue désormais une plateforme logistique du narcotrafic mondial.
Une conférence internationale avec les pays voisins est également prévue pour coordonner la lutte contre les trafics transfrontaliers. « La République n’entend rien lâcher sur l’ordre public », a martelé Retailleau, répondant ainsi aux attentes des élus et des syndicats de police.