La nomination de Charles Kushner, proche de Donald Trump et père de Jared Kushner, au poste d'ambassadeur des États-Unis en France, avait déjà suscité des interrogations. À peine un mois après son arrivée à Paris en juillet, ce dernier a provoqué une vive tension diplomatique.
Dans une lettre datée du 25 août, publiée dimanche, il accuse Emmanuel Macron de ne pas agir suffisamment contre la montée de l’antisémitisme en France, en liant cette prétendue inaction à la reconnaissance envisagée d’un État palestinien.
Un ambassadeur américain aligné sur Benjamin Netanyahou
« Ce 25 août marque le 81e anniversaire de la libération de Paris, mettant fin à la déportation des juifs en France. Cette date me semble pertinente pour exprimer ma profonde inquiétude face à la flambée de l’antisémitisme et à l’absence d’action suffisante de votre gouvernement », écrit Kushner. Il va plus loin, reprenant l’argumentaire du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui avait critiqué Macron pour son projet de reconnaissance de la Palestine à l’ONU en septembre. Selon Kushner, « des gestes en reconnaissance d’un État palestinien encouragent les extrémistes, fomentent la violence et mettent en péril la judéité en France ».
Il ajoute : « L’antisionisme, c’est l’antisémitisme, point », une position partagée par des parlementaires français. Le Quai d’Orsay a réagi avec fermeté, qualifiant ces propos d’« inacceptables » et contraires à la Convention de Vienne de 1961, qui interdit l’ingérence dans les affaires intérieures d’un État. « La France réfute fermement ces allégations. La montée des actes antisémites depuis le 7 octobre 2023 est une réalité que nous déplorons, et les autorités françaises sont pleinement mobilisées », a déclaré le ministère.
Paris a convoqué Kushner ce lundi pour demander des explications. La lettre de l’ambassadeur, descendant de survivants de la Shoah, adopte un ton personnel, invoquant ses liens familiaux avec Trump et leur « inquiétude partagée » pour la sécurité des Juifs. Il exhorte Emmanuel Macron à renforcer l’application des lois contre les crimes de haine et à protéger les institutions juives.
Cette sortie intervient dans un contexte tendu, marqué par une hausse des actes antisémites en France depuis le début du conflit à Gaza en 2023. Pour Paris, ces accusations menacent la qualité du lien transatlantique et la confiance entre alliés.