« Le monde dans lequel on vit aujourd’hui donne le sentiment que ces comportements déviants, derrière un écran, sont acceptables », la ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique Clara Chappaz a évoqué vendredi 22 août la mort très polémique de Raphaël Graven, connu sous le pseudonyme Jean Pormanove, lors d’un live sur la plateforme Kick.
L’occasion pour la ministre de réitérer sa proposition d’interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans et de retrouver la « souveraineté cognitive des enfants ».
Après des mois de violences et d’humiliations diffusées en ligne Jean Pormanove avait trouvé la mort le 18 août en direct devant une quinzaine de milliers de personnes.
Une première autopsie et beaucoup de zones d’ombre
L’autopsie, révélée le 21 août, privilégie des causes médicales ou toxicologiques, écartant pour l’instant l’intervention d’un tiers. Une enquête judiciaire, confiée à la police de Nice, est en cours pour éclaircir les circonstances de ce drame.
La ministre déléguée au Numérique, est particulièrement attendue dans cette affaire alors que Mediapart avait alerté dès décembre 2024 sur ces maltraitances, sans réponse de la ministre à l’époque, suscitant des critiques sur son inaction. Interrogée par des journalistes de ce média, Clara Chappaz est apparue très gênée, rejetant à demi-mot la faute sur l’Arcom.
La ministre assure qu’une enquête a été ouverte trois jours après ces révélations, et que l’Arcom, le régulateur audiovisuel, travaille sur le sujet.
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau appelle de son côté à « trouver des moyens pour mettre les plateformes devant leurs responsabilités ». Une position défendue par le parti Les Républicains dont il est le président.
L'ancien Premier ministre Gabriel Attal s'est fendu d'un long message sur les réseaux sociaux en énonçant plusieurs propositions parmi lesquelles des dépistages de l’addiction aux écrans à l’entrée du collège, la création d’une taxe sur les plateformes pour financer la recherche sur l’addiction aux écrans ou encore un passage en noir et blanc des images après 30 minutes d’utilisation consécutives.
Un lanceur d’alerte, Pierre, a joué un rôle clé en rendant publiques 1 739 vidéos archivées depuis février 2024, documentant les sévices subis par Pormanove et son acolyte Coudoux, sous curatelle. Ces extraits, initialement supprimés par Kick, montrent des coups, des brimades et des tentatives d’étranglement. Pierre affirme que Pormanove était sous l’emprise d’Owen C., alias Naruto, qui le menaçait d’expulsion de son logement.
Ce drame pose la question de la régulation des plateformes numériques mais aussi celui du rôle de l’Arcom ainsi que celle de la responsabilité de la ministre du Numérique qui était au courant des faits depuis plus de six mois.