Selon les chiffres de 2023, environ 30 % des 6 700 prêtres en activité en France viennent de l’étranger. Ils sont envoyés en mission dans le cadre de l’encyclique Fidei donum de Pie XII (1957), pour une durée de trois ans renouvelable. En échange, ils reçoivent la même rémunération que leurs collègues français, environ 1 200 euros nets par mois — un revenu modeste en France, mais bien supérieur à celui perçu dans leurs pays d’origine.
Ces prêtres doivent cependant s’adapter à un environnement souvent déroutant : pratiques religieuses minimalistes, relations sociales jugées « froides », solitude dans des presbytères trop grands. Certains font aussi face à des réactions racistes ou à la suspicion de n’être venus « que pour l’argent ». Pour faciliter leur intégration, l’Église de France a mis en place en 2006 les sessions Welcome, où l’on aborde des sujets sensibles comme la laïcité, l’argent ou encore les relations avec les paroissiens.
Mais ces difficultés n’effacent pas l’apport réel de ces hommes. Souvent plus jeunes et dynamiques que leurs homologues français, ils insufflent un nouveau souffle aux paroisses. Organisation de chemins de croix réguliers, introduction de chants et de liturgies plus vivants, animations pour les enfants ne sont que quelques exemples des initiatives prises par ces nouveaux venus.
« Ce serait une erreur de ne considérer ces prêtres que comme de la main-d’œuvre », prévient le père Elie Delplace, ancien missionnaire, cité par Le Monde. « Ils veulent être de vrais acteurs de la mission, et non des supplétifs venus combler une crise française. »
Une Église en crise
L’enjeu est d’autant plus crucial que le clergé français s’effondre numériquement. En 1960, la France comptait 65 000 prêtres. Ils étaient encore 25 000 en 2000, et seulement 12 000 en 2023, dont 6 700 en activité. La chute est encore plus forte pour les religieux et religieuses, passés de 49 800 en 2000 à 17 300 en 2023.
Autrefois, entrer dans les ordres pouvait représenter une ascension sociale pour des jeunes issus de milieux modestes. Aujourd’hui, les rares vocations viennent plutôt de familles bourgeoises ou aristocratiques.
Face à cette crise de foi, l’Église catholique française réfléchit à des solutions pour survivre. En attendant, ce sont les prêtres venus d’Afrique qui maintiennent vivantes une partie de ses paroisses rurales et urbaines. Leur présence, entre défis et renouveau, redessine peu à peu le visage du catholicisme français.