Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, entame ce mardi 19 août une visite de cinq jours en Nouvelle-Calédonie, avec pour mission de sauver l’accord de Bougival, signé le 12 juillet mais rejeté une semaine plus tôt par le Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS). Ce texte, fruit de longs mois de négociations, vise à établir un « État de Nouvelle-Calédonie » doté d’une loi fondamentale, d’une nationalité calédonienne et de compétences en relations internationales, tout en reconnaissant l’identité kanak.
Les indépendantistes rejettent l’accord
Les indépendantistes, menés par Dominique Fochi, dénoncent un accord incompatible avec leurs revendications historiques. Dès mercredi, Valls rencontrera les sénateurs coutumiers, les maires et les présidents de province pour « expliquer, préciser, compléter, convaincre », comme il l’a déclaré au Parisien. Jeudi, il installera un comité de rédaction chargé d’enrichir le texte sans en bouleverser l’équilibre. « Je ne veux pas passer en force, mais il n’y a pas d’alternative crédible à Bougival », insiste le ministre, qui met en garde contre un effondrement politique, économique et social en cas d’échec. Les conséquences seraient dramatiques : arrêt des investissements, fermeture des usines de nickel, pertes d’emplois massives, particulièrement pour la jeunesse.
Le rejet de l’accord par le FLNKS, lors d’un congrès extraordinaire, complique la tâche.
Les indépendantistes exigent par ailleurs que leur leader, Christian Tein, supervise les discussions. Incarcéré à Mulhouse et interdit de séjour en Nouvelle-Calédonie suite aux émeutes de 2024, qui ont causé 14 morts et des milliards d’euros de dégâts, Tein ne pourra pas rencontrer Valls à Nouméa.
Le ministre dit privilégier le dialogue avec la délégation locale du FLNKS, tout en laissant sa « porte ouverte » à un échange à Paris. Le reste des formations politiques néo-calédoniennes soutiennent cet accord, comme a pu le rappeler la presse locale.
À Nouméa, les attentes des Calédoniens convergent vers la paix et la stabilité. Manuel Valls, conscient des « risques de guerre civile », assure que l’État veillera à préserver l’ordre public.
Cette visite, précédant une consultation des Calédoniens en février 2026, est perçue comme une dernière chance pour débloquer une situation « épouvantable » et relancer un dialogue essentiel à l’avenir du territoire.