Le vendredi 8 août, la commune de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) a dû annuler une projection en plein air du film « Barbie » de Greta Gerwig, dans le cadre de son programme estival « Est Ensemble ». Organisée dans le quartier du Londeau, cette séance, choisie par un vote des habitants, visait à offrir un moment de convivialité aux familles, notamment celles ne partant pas en vacances. Cependant, des menaces de violence ont contraint le maire communiste, Olivier Sarrabeyrouse, à prendre la décision d’annuler l’événement.
Un fondamentalisme qui ne dit pas son nom
Selon l’élu, un « petit groupe de jeunes » a menacé les agents municipaux, affirmant vouloir empêcher la projection et détruire le matériel. Les opposants ont dénoncé le film pour sa prétendue « promotion de l’homosexualité » et son caractère perçu comme une « atteinte à l’intégrité de la femme ». Dans un communiqué, Olivier Sarrabeyrouse a fustigé une « extrême minorité de voyous » motivée par un « fondamentalisme instrumentalisé à des fins politiques » et un « obscurantisme » incompatible avec les valeurs de la commune. Il a annoncé son intention de porter plainte pour défendre le droit à la culture. L’annulation a suscité une vague de réactions. La ministre de la Culture, Rachida Dati, a dénoncé une « atteinte grave » privant les familles d’une activité culturelle, confirmant qu’une plainte est en cours.
Aurore Bergé, ministre déléguée à l’Égalité femmes-hommes, a critiqué une capitulation face à des « attaques contre les valeurs » françaises. À droite, la sénatrice LR Valérie Boyer a accusé le maire de céder aux « intégristes religieux islamistes », tandis qu’Aleksandar Nikolic (RN) a comparé l’incident aux interdictions du film dans des pays comme le Liban, le Koweït mais aussi l’Algérie.
En revanche, la députée LFI Aurélie Trouvé a exprimé son soutien au maire et sa « consternation » face à la privation d’un moment culturel pour les habitants.
Seuls des élus de droite LR et RN ont cité explicitement le caractère « islamique » des revendications.
« Barbie », succès mondial de 2023, avait été choisi pour sa portée censée être fédératrice et ses thématiques sur « l’émancipation féminine ».
Cette annulation illustre les tensions croissantes autour des événements culturels dans certains quartiers, où la diversité religieuse remet en cause le « vivre-ensemble » promu par des élus de gauche et alors que le président Macron a fait mine, début juillet, de hausser le ton contre « l’entrisme des Frères Musulmans » en France.