En juillet 2025, Emmanuel Macron a confirmé, depuis le British Museum, le prêt de la tapisserie de Bayeux au Royaume-Uni entre septembre 2026 et juin 2027. Cette broderie de 70 mètres, classée Monument historique, retrace la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant en 1066. Ce geste, présenté comme un symbole de l’amitié franco-britannique, ravive une controverse née en 2018 lors du sommet de Sandhurst, où l’idée avait été évoquée pour la première fois.
Un déplacement à haut risque pour une œuvre historique
Le projet suscite l’enthousiasme outre-Manche. La ministre britannique de la Culture, Lisa Nandy, y voit une célébration de l’histoire commune des deux nations, tandis que le British Museum anticipe une affluence record, comparable à l’exposition du trésor de Toutânkhamon en 1972. Les Britanniques, attachés à cet ouvrage probablement réalisé en Angleterre, s’attendent à un événement historique, notamment à Hastings, où la députée Helena Dollimore réclame des accès gratuits pour les habitants. En France, en revanche, l’annonce passe mal. Les conservateurs dénoncent les risques pour cette œuvre fragile, qui présente 24 000 taches, 16 445 plis, 9 646 trous et 30 déchirures non stabilisées, selon un constat de 2020. Le conseil scientifique international jugeait alors une restauration préalable indispensable, une étape non réalisée à ce jour.
Le quotidien britannique The Telegraph alerte dans un article intitulé : « La Tapisserie de Bayeux risque de "s'effondrer" lors de son transfert en Grande-Bretagne ».
La Drac Normandie alerte sur les dangers du transport, notamment les vibrations et manipulations, et pointe un calendrier trop serré, la restauration étant prévue après le prêt. Une pétition de 11 200 signatures s’oppose au projet, exigeant la préservation de ce « trésor de l’humanité ». Le coût, évalué à 21 millions d’euros, attise aussi les critiques. Si Rachida Dati a promis 13 millions pour rénover le Musée de Bayeux et 2 millions pour la restauration, les opposants, dont des historiens et conservateurs, dénoncent un « coup diplomatique » de Macron, accusé d’ignorer les avis scientifiques.
Malgré les efforts du président du Centre des monuments nationaux Philippe Bélaval et de l’ancien ambassadeur de Grande-Bretagne en France Lord Peter Ricketts pour apaiser les tensions, la polémique enfle, entre craintes pour le patrimoine et ambitions diplomatiques, alors que Bayeux prépare les célébrations du millénaire de Guillaume le Conquérant en 2027.