Depuis fin juin, le scandale des airbags Takata prend une tournure encore plus critique en France. Le gouvernement a ordonné l’arrêt immédiat de 800 000 véhicules, portant à 1,7 million le nombre total de voitures visées par un « stop drive », et à 2,5 millions le nombre de véhicules rappelés. Ce rappel massif est dû à un défaut de fabrication : les airbags peuvent exploser en se déployant, projetant des fragments métalliques dans l’habitacle. Ces défaillances ont causé la mort de 18 personnes et en ont blessé 25 autres en France, dont 16 décès dans les Outre-mer.
Face au danger, certains garagistes ont décidé de ne plus intervenir sur ces véhicules. C’est le cas du réseau Speedy, qui a publié sur son site un message sans ambiguïté : « Nos centres ne pourront procéder à l’entretien ou à la réparation de votre véhicule tant que les airbags concernés n’auront pas été remplacés. » Même pour une simple vidange ou un essuie-glace, la consigne est claire. Selon TF1 Info, une responsable communication d’un groupe de garages a affirmé : « Ça devient trop dangereux pour nos salariés. Nos équipes ne sont pas formées ni habilitées pour prendre ce risque. »
Les centres auto tirent la sonnette d’alarme
Point S a adopté la même position, bien que sans communication officielle. Quant à Norauto, l’enseigne a indiqué à TF1 qu’elle communiquera prochainement pour accompagner les automobilistes concernés. Ces centres exigent désormais la présentation d’un justificatif de remplacement de l’airbag pour accepter toute intervention.
Le ministère des Transports, dirigé par Philippe Tabarot, impose aux constructeurs automobiles de réparer les véhicules équipés d’airbags Takata dans un délai maximum de 15 jours après la prise de rendez-vous. En cas de retard, ils risquent une astreinte de 1 million d’euros par semaine, versée à l’État français.
Ce refus de prise en charge marque un bras de fer indirect entre les garages indépendants et l’État. Tandis que le gouvernement accentue la pression sur les constructeurs, les réseaux indépendants rejettent toute responsabilité et renvoient les automobilistes vers les marques fabricantes. Une position qui ne fait qu’accentuer la complexité pour les conducteurs, souvent laissés sans solution immédiate.
Manipulations, lenteurs, impunité des fabricants
Le rapport officiel de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable, publié le 29 juillet, révèle que Takata a falsifié des tests pendant des années et a continué à livrer des airbags défectueux en toute connaissance de cause. Le document note aussi qu’en France, à cause du manque de suivi des véhicules, un tiers des modèles concernés par les rappels sont introuvables.
Ce scandale, qualifié de « bombe à retardement industrielle », remonte au début des années 2000, avec des décès recensés dès 2004. Mais ce n’est que récemment, après plusieurs accidents mortels, dont celui d’une mère de famille à Reims le 11 juin dernier, que l’État français a durci sa politique. En parallèle, une action collective lancée par UFC-Que Choisir vise Stellantis, avec déjà plus de 2 800 automobilistes plaignants.