Quatre ans après la promulgation de la loi bioéthique du 2 août 2021, qui a ouvert la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes célibataires, Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé, a estimé le 2 août que la France allait atteindre un rythme de croisière de 10 000 demandes par an.
Initialement, le gouvernement tablait sur 2 000 grossesses annuelles, mais les chiffres de l’Agence de la biomédecine révèlent une demande bien plus forte : 30 000 premières consultations enregistrées depuis 2021, dont 53 % émanant de femmes célibataires.
Une France en demande
En 2024, 9 300 demandes ont été recensées au premier semestre, suivies d’un ralentissement à 5 800 au second, reflétant une stabilisation. Environ 350 bébés sont nés via ce dispositif, un chiffre faible dû aux délais d’attente, stabilisés à 14,4 mois en moyenne entre la prise de rendez-vous et la première tentative, contre 16 mois en 2022.
Pour répondre à cette affluence, trois nouveaux centres de PMA ouvriront en 2026 à Limoges, Orléans et Poitiers, portant leur nombre à 33. L’autoconservation ovocytaire, également autorisée par la loi, connaît un succès notable : 11 500 femmes ont demandé à congeler leurs ovocytes, mais les délais, particulièrement longs en Île-de-France (deux ans), poussent certaines à se tourner vers le Danemark.
La levée de l’anonymat des donneurs de gamètes, effective depuis septembre 2022, a généré 434 demandes d’accès à l’identité des donneurs, mais seuls 19 ont accepté de se dévoiler, selon la Capadd.
Agnès Buzyn a salué une loi répondant à une « attente sociétale forte », mais des défis persistent : manque de donneurs de sperme, saturation des centres et débats sur la filiation. La droite, dont Emmanuelle Ménard, critique une « privation de père », tandis que la majorité défend l’égalité. Le coût, estimé à 15 millions d’euros par an, reste couvert par la Sécurité sociale.