France

Réforme de l’abattement fiscal des retraités : 1,4 million de perdants selon l’IPP

La réforme de l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités, remplacé par un forfait de 2 000 euros, pénalisera 1,4 million de personnes. Les plus aisés paieront plus d’impôts, tandis que 1,5 million de retraités modestes pourraient bénéficier de prestations sociales accrues. Les débats parlementaires à la rentrée 2025 s’annoncent houleux.

Dans le cadre du budget 2026 présenté par le Premier ministre François Bayrou, le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a annoncé la suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite, en place depuis 1978 pour compenser les frais professionnels des retraités ayant une activité.

À la place, un abattement forfaitaire de 2 000 euros par retraité (4 000 euros pour un couple) est proposé, visant à réduire le revenu imposable. Selon une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP), publiée le 29 juillet 2025, cette réforme entraînera 1,4 million de perdants, soit environ un retraité sur douze, qui paieront plus d’impôts sur le revenu ou percevront moins de prestations sociales, comme les aides au logement ou l’allocation de solidarité aux personnes âgées.

Une mesure pénalisante

En revanche, 1,5 million de retraités, principalement les moins aisés, pourraient bénéficier d’un gain grâce à un effet redistributif, notamment si l’abattement s’applique au calcul des prestations sociales. L’IPP, par la voix de l’économiste Sylvain Duchesne, précise que les retraités percevant plus de 20 000 euros annuels (40 000 euros pour un couple) seront les plus impactés, car l’abattement actuel, plafonné à 4 399 euros, est plus avantageux que le forfait proposé.

Pour un retraité seul avec une pension de 30 000 euros, l’abattement de 10 % représente 3 000 euros, contre 2 000 euros avec la nouvelle mesure, augmentant mécaniquement son revenu imposable. Si le forfait s’applique aussi aux prestations sociales, les retraités modestes pourraient voir leur éligibilité à ces aides augmenter, générant un gain budgétaire estimé à 550 millions d’euros pour l’État.

En revanche, une application limitée à l’impôt sur le revenu rapporterait environ un milliard d’euros, mais avec un effet redistributif moindre et une majorité de perdants. Cette réforme, combinée au gel des pensions dans le cadre de l’« année blanche » fiscale, suscite une vive opposition.

Les retraités, représentant 14,96 millions de foyers fiscaux, dénoncent une mesure pénalisante, notamment les veufs et célibataires, selon Le Parisien. Les débats à l’Assemblée nationale, prévus à la rentrée 2025, s’annoncent tendus, les socialistes et la droite critiquant un « effort injuste » imposé aux seniors.