L’accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis, annoncé le 27 juillet par Donald Trump et Ursula von der Leyen, provoque une tempête de réactions en France. Prévoyant des droits de douane de 15 % sur les produits européens exportés vers les États-Unis, cet accord s'accompagne d’un engagement européen à acheter 750 milliards de dollars d’énergie et à investir 600 milliards aux États-Unis.
Un accord qui fait l’unanimité contre lui
Si certains acteurs économiques se satisferont d’une stabilisation temporaire, toutes les personnalités politiques françaises ont dénoncé l’accord, quel que soit leur parti. Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale, a qualifié sur X l’accord de « fiasco politique, économique et moral ».
Elle dénonce une « capitulation » face à Washington, soulignant que l’UE, avec ses 27 États membres, a obtenu des conditions moins avantageuses que le Royaume-Uni post-Brexit. Selon elle, cet accord sacrifie les agriculteurs français au profit des intérêts industriels allemands, notamment en ouvrant davantage le marché européen aux produits agricoles américains.
L’eurodéputé RN Thierry Mariani estime de son côté que cet accord est avant tout « un échec pour Madame von der Leyen ».
La France insoumise (LFI), par la voix de Jean-Luc Mélenchon, partage cette indignation et raille un « libéralisme de façade ». Il accuse l’UE d'avoir cédé aux exigences américaines, notamment via une taxe équivalant à 5 % du PIB européen. Mélenchon appelle à « l’insoumission à l’Empire » et prône le non-alignement comme seule alternative viable.
Le gouvernement français, représenté par le ministre délégué chargé de l'Europe Benjamin Haddad, adopte une position nuancée. Sur X, il reconnaît une « stabilité temporaire » pour les acteurs économiques, mais juge l’accord « déséquilibré ». Il déplore le rejet américain du libre-échange et met en garde contre un « décrochage » européen si l’UE ne réagit pas.
Laurent Saint-Martin, ministre du Commerce extérieur, insiste sur France Inter pour que l’Europe affirme sa puissance économique et politique, refusant que « la messe soit dite » avec cet accord.
Le Haut-commissaire au Plan Clément Beaune a, de son côté, pris a partie Marine Le Pen en affirmant que celle-ci soutenait Donald Trump. Il a en outre affirmé qu’il fallait plus d’UE : « Il faut que l’Europe accélère et se bouge parce qu’on ne peut pas être les Télétubbies du commerce international ».
Du côté des socialistes, Olivier Faure fustige une « honte » qui privilégie les intérêts nationaux au détriment d’une logique européenne.
David Lisnard, président de Nouvelle Énergie, s’interroge sur le rôle passif de la France dans ces négociations. Du côté des personnalités souverainistes, Florian Philippot pour les Patriotes et François Asselineau de l’UPR mettent en cause l’Union européenne qui empêche la France de négocier directement avec Washington.
En Allemagne, le chancelier Friedrich Merz et les industriels expriment des réserves, tandis que l’Italie, via Giorgia Meloni, salue un accord évitant une guerre commerciale. Cet accord divise profondément, révélant les fractures apparentes en Europe. Donald Trump, qui avait annoncé que les chances d’obtenir un accord étaient de 50-50, semble sortir comme le grand vainqueur de cette séquence.