France

Un ex-agent de la DGSE mis en examen pour viols d’enfants en Afrique

Un ancien militaire et figure des services secrets français, a été écroué à Strasbourg. Il est soupçonné d’avoir orchestré à distance des viols sur mineurs au Kenya, filmés en direct.

Claude G., 58 ans, ex-officier de la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE), a été mis en examen et placé en détention provisoire le vendredi 25 juillet à Strasbourg. Selon Le Parisien, il est poursuivi pour « traite des êtres humains aggravée », « viols et agressions sexuelles sur mineurs » et « captation, importation et diffusion de l’image d’un mineur présentant un caractère pornographique et utilisant un réseau de communications électroniques ». Il a été arrêté à son domicile par les agents de l’Office central des mineurs (Ofmin), structure spécialisée dans la lutte contre la pédocriminalité.

L’alerte est venue du Centre américain pour les enfants disparus et exploités (NCMEC), qui a repéré en ligne plusieurs vidéos d’abus sur des enfants. Ces contenus, dont certains étaient diffusés en direct, ont été transmis aux autorités françaises. L’enquête a rapidement conduit jusqu’à Claude G., qui vivait à Strasbourg après une carrière dans les opérations clandestines de l’État français.

Un réseau de pédocriminalité à distance organisé depuis la France

Les enquêteurs estiment que Claude G. aurait organisé un réseau permettant des viols d’enfants au Kenya. Il aurait financé et dirigé les abus à distance, en imposant les actes à commettre, puis en recevant les vidéos, notamment en direct. Ce procédé, appelé « live streaming », se développe dans les milieux pédocriminels occidentaux et consiste à exploiter des mineurs dans des pays pauvres, en orientant les sévices depuis l’étranger. Des flux financiers importants détectés par les services français laissent penser que le nombre de victimes pourrait être élevé.

Toujours selon Le Parisien, le suspect a multiplié les déplacements professionnels en Afrique pour le compte d’entreprises privées. Il avait mis son expérience militaire au service de sociétés spécialisées dans la protection, la prévention du terrorisme et la gestion de crise. Outre le Kenya, il s’était rendu dans des pays comme la Libye et l’Angola. Des soupçons existent également sur des abus sexuels qu’il aurait lui-même commis durant ces missions.

Une figure des services français aujourd’hui mise en cause

Claude G. avait servi onze ans au sein du Service Action de la DGSE, unité chargée des opérations spéciales à l’étranger. Nageur de combat, puis membre du bureau réservé aux opérations dites « très spéciales », il était décrit par d’anciens collègues comme un professionnel respecté. Pierre Martinet, lui aussi ancien du Service Action, a déclaré : « Je tombe des nues. Il a beaucoup œuvré à l’étranger, mais rien ne laissait penser qu’il pouvait être soupçonné de tels faits ».

Aujourd’hui reconverti comme « conseiller en gestion et prévention des risques », Claude G. gardait des liens dans le milieu de la sécurité privée. Sa compagne, d’origine africaine, a elle aussi été placée en garde à vue, puis relâchée sans charges.

L’affaire survient dans un contexte où plusieurs réseaux similaires ont récemment été démantelés. Des Français sont déjà impliqués dans des affaires de viols commandités à distance sur des enfants aux Philippines ou en Colombie. Comme le rappelle d’ailleurs Gabrielle Hazan, ex-chef de l’Ofmin: « L’image du pédocriminel célibataire et sans emploi est complètement erronée ».

Ce nouveau scandale met une fois de plus en lumière l’implication d’éléments issus de l’appareil militaire occidental dans des pratiques d’exploitation sexuelle en Afrique, des crimes graves qui ne peuvent rester ignorés.