L’Agence européenne des médicaments (EMA) a donné son autorisation pour le lenacapavir, un traitement préventif contre le VIH commercialisé sous le nom de Yeytuo par Gilead Sciences, marquant une avancée majeure dans la lutte contre le sida.
Ce médicament, administré par injection biannuelle, agit comme une prophylaxie pré-exposition (PrEP), ciblant les personnes séronégatives à haut risque d’infection, comme les travailleurs du sexe ou les personnes ayant des rapports non protégés.
5 000 nouvelles infections en France chaque année
Selon Marc Dixneuf, directeur général de l’Association de lutte contre le sida (AIDES), ce traitement « peut tout changer » grâce à son efficacité proche de 100 % démontrée dans des essais cliniques, notamment auprès des femmes et des hommes.
Contrairement aux traitements actuels, comme le Truvada (quotidien) ou l’Apretude (bimestriel), le lenacapavir offre une protection de six mois, facilitant l’adhésion, notamment dans les pays à faible accès aux soins, comme l’a noté l’OMS.
L’EMA a accéléré son évaluation en raison de l’« intérêt majeur pour la santé publique ». Le médicament bloque la multiplication du VIH en se fixant sur la capside virale, réduisant drastiquement le risque d’infection lorsqu’il est associé à des pratiques sexuelles sécurisées.
Approuvé aux États-Unis en juin par la FDA pour 28 218 dollars par an, le lenacapavir attend l’aval de la Haute Autorité de santé (HAS) pour être disponible en France, où des négociations sur son prix, jugé prohibitif, sont prévues.
L’ONUSIDA estime que 1,3 million de nouvelles infections ont eu lieu en 2023, et ce traitement pourrait contribuer à l’objectif de zéro transmission d’ici 2030. Cependant, des ONG, relayées par Euractiv, critiquent Gilead pour ne pas garantir une production générique abordable, essentielle pour les pays à faibles revenus.
En France, où 180 000 personnes vivent avec le VIH et 5 000 nouvelles infections sont recensées annuellement (Santé publique France), ce traitement suscite un espoir prudent face aux défis d’accès et de stigmatisation.