Le 24 juillet, Emmanuel Macron a marqué un tournant dans la politique étrangère française en annonçant que la France reconnaîtra officiellement l’État palestinien en septembre, lors de l’Assemblée générale des Nations unies.
Cette décision, reportée depuis juin en raison du conflit entre Israël et l’Iran, s’inscrit dans une volonté de relancer la « solution à deux États » pour une paix durable au Proche-Orient. Mais quelles seront les implications de cet engagement ?
Onde de choc en France… et critique israélienne
En France, l’annonce divise. L’organisation communautaire juive Crif, véritable relais de Netanyahou en France, dénonce une « faute morale, une erreur diplomatique et un danger politique ».
Le Rassemblement national, qui revendique la solution à deux Etats mais s’est également rapproché de l’État d’Israël ces derniers mois, s’est montré sceptique. Pour son président, Jordan Bardella, il s'agit « d'une décision précipitée, davantage motivée par des considérations politiques personnelles que par une sincère recherche de justice et de paix ».
La gauche, de La France Insoumise aux écologistes, salue une « victoire morale » tout en critiquant son caractère tardif. Jean-Luc Mélenchon s’interroge « pourquoi en septembre et pas maintenant ? ». Il rejoint Jordan Bardella en évoquant une volonté de promouvoir un agenda politique en se servant de cette reconnaissance.
Si cette reconnaissance envoie un signal en France aux personnes sensibles à la cause palestinienne et aux opinions arabes, son impact concret reste incertain face aux défis géopolitiques et à l’absence de consensus international.
En Israël, la nouvelle a été très mal accueillie. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a déclaré sur le réseau social X : « Nous condamnons fermement la décision du président Macron de reconnaître un État palestinien à côté de Tel-Aviv ».
Les relations entre Paris et Tel Aviv, déjà froides, ne devraient pas s’arranger après les annonces du président français.
Un contexte régional compliqué
Cette reconnaissance, qui fait suite à celle de pays comme la Norvège, l’Espagne ou encore l’Arménie, vise à poser les bases d’un État palestinien viable, démilitarisé et reconnaissant pleinement Israël. Macron insiste sur la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat à Gaza, de la libération des otages et d’une aide humanitaire massive. Cependant, la mise en œuvre de cette reconnaissance soulève des questions complexes. Un État doit reposer sur un territoire défini, une population et une autorité légitime. Or, la Cisjordanie est fragmentée par les colonies israéliennes, Gaza est dévastée par la guerre, et l’Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas, est critiquée pour son manque de légitimité et sa gestion.
Sur le plan diplomatique, cette décision pourrait encourager d’autres pays européens à emboîter le pas, renforçant la pression internationale sur Israël. Elle s’inscrit dans un contexte où 146 pays, sur les 193 membres de l’ONU, reconnaissent déjà la Palestine. Toutefois, l’absence de soutien de poids lourds comme les États-Unis limite l’impact immédiat.