France

Loi Duplomb : le feuilleton politique qui enflamme la fin de session

Adoptée le 8 juillet, la loi Duplomb, autorisant sous conditions la réintroduction de pesticides controversés, continue de diviser. Entre la pétition record d’1,5 million de signatures, les menaces contre des parlementaires dénoncées par Gérald Darmanin et la persistance de Sandrine Rousseau, le texte cristallise les tensions avant la pause d'été.

La loi Duplomb, portée par les sénateurs Laurent Duplomb (LR) et Franck Menonville (UDI), adoptée par 316 voix contre 223 à l’Assemblée nationale, suscite un vif débat. Ce texte, présenté comme une réponse à la crise agricole de 2024, autorise temporairement l’acétamipride, un néonicotinoïde interdit en France depuis 2018 mais permis en Europe jusqu’en 2033. Les producteurs de betteraves et de noisettes y voient une solution contre les ravageurs, dénonçant une concurrence déloyale.

Division agricole et affrontement politique

Cependant, les apiculteurs alertent sur son impact dévastateur sur les abeilles, tandis que les risques pour la santé humaine, bien que mal documentés, inquiètent. La mobilisation citoyenne contre cette loi bat des records. Une pétition, initiée par Éléonore Pattery, étudiante de 23 ans, a dépassé 1,5 million de signatures en dix jours, un seuil inédit sur le site de l’Assemblée nationale. Ce succès ouvre la voie à un débat parlementaire à la rentrée, sans possibilité d’abroger le texte, selon Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée. La gauche, emmenée par Sandrine Rousseau (EELV), promet de poursuivre le combat. Après ses propos polémiques qualifiant la rentabilité agricole basée sur les pesticides d’« argent sale », la députée persiste : « Je maintiens. La santé des Français prime sur l’agrobusiness ».

Elle annonce que le Nouveau Front populaire proposera l’abrogation du texte lors des prochaines niches parlementaires. Parallèlement, la tension monte avec des actes d’intimidation ayant visé neuf parlementaires, pro ou anti-loi. Dégradations de permanences, collages accusateurs et outrages en ligne ont poussé Gérald Darmanin, ministre de la Justice, à condamner ces « menaces inacceptables ». Il a ordonné des poursuites systématiques et un accompagnement des élus visés, quel que soit leur vote. La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, se dit « pleinement disponible » pour un débat à l’Assemblée tout en rappelant que le texte de loi est d’initiative parlementaire et pas gouvernemental.

Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, propose de s’appuyer sur l’Anses pour un éclairage scientifique.

Ce feuilleton, mêlant écologie, santé publique et souveraineté alimentaire, divise jusqu’au camp présidentiel, où Gabriel Attal tente d’adopter une position alternative conciliant économie et climat, se différenciant ainsi un peu de ses alliés du socle commun.