France

Un million de signatures contre la loi Duplomb : une mobilisation record et un débat pour rien ?

La pétition contre la loi Duplomb, qui assouplit les règles environnementales pour les agriculteurs, a dépassé le million de signatures. Si un débat parlementaire est probable, l’abrogation du texte reste improbable, malgré les pressions des oppositions et des citoyens.

Lancée le 10 juillet par Éléonore Pattery, une étudiante de 23 ans, la pétition contre la loi Duplomb, adoptée le 8 juillet, a franchi un cap historique en dépassant le million de signatures sur le site de l’Assemblée nationale le 20 juillet. Ce texte, qui autorise sous conditions la réintroduction de l’acétamipride, un pesticide néonicotinoïde interdit en France, et assouplit les règles pour les élevages et les mégabassines, est dénoncé par ses détracteurs comme une « aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire ».

Un débat parlementaire pour la rentrée ?

Le succès fulgurant de cette initiative, portée par une citoyenne sans affiliation partisane apparente, reflète le rejet d’une partie de l’opinion face à un texte perçu comme favorisant les intérêts agricoles au détriment de la santé et de l’environnement. Le seuil des 500 000 signatures, atteint dès le 19 juillet, puis du million le lendemain dimanche 20 juillet, ouvre la voie à un débat à l’Assemblée nationale, probablement à la rentrée parlementaire, comme le soutient la présidente Yaël Braun-Pivet. Cependant, ce débat, inédit sous la Ve République, ne pourra pas remettre en cause la loi votée, précise-t-elle suscitant les moqueries des ses détracteurs sur les réseaux sociaux à l’image du compte du syndicaliste Marcel, proche des Insoumis et très suivi sur les réseaux sociaux.

Les oppositions, notamment La France insoumise (LFI) et les Écologistes, y voient une opportunité de « rattraper » l’absence de discussion en première lecture, bloquée par une motion de rejet préalable. Manuel Bompard (LFI) exhorte Emmanuel Macron à ne pas promulguer la loi, tandis que Marine Tondelier (Écologistes) demande une seconde délibération, une procédure rare prévue par la Constitution.

Les défenseurs du texte, comme le sénateur Laurent Duplomb (LR) et Arnaud Rousseau (FNSEA), estiment que la loi protège les agriculteurs contre une « concurrence déloyale » européenne.

La Coordination rurale défend aussi le texte. Patrick Legras, porte-parole du syndicat a défendu sur CNews : « Cette loi Duplomb, elle est indispensable pour remettre l’agriculture au centre de notre société ».

Laurent Duplomb, agacé, minimise l’impact de la pétition, prévoyant un débat répétitif « pour dire ce qu’on a dit pendant six mois ». Marc Fesneau député MoDem et ancien ministre de l’Agriculture appelle à un échange « sans caricatures » pour clarifier les objectifs du texte. Si le Conseil constitutionnel, saisi le 11 juillet, peut censurer la loi pour vice de procédure, un tel scénario reste improbable selon les experts. Une autre piste serait un report des décrets d’application, comme en 2006 avec le CPE, mais le gouvernement semble réticent à rouvrir un dossier aussi conflictuel.

Pour les opposants, cette mobilisation, relayée par des ONG de gauche comme Greenpeace et des collectifs citoyens, révèle une fracture démocratique bien que le vote ait eu lieu à l’Assemblée nationale.