La France a décidé de ne pas se joindre à l'initiative européenne d'achat d'armes américaines pour l’Ukraine, rapporte Politico citant deux responsables français.
D'après eux, cette décision découle de la position de Paris, qui consiste à privilégier l'établissement d’une base industrielle de défense proprement européenne. Par ailleurs, la France cherche à accroître ses propres dépenses militaires tout en réduisant simultanément le déficit budgétaire et la dette publique. Le président Emmanuel Macron a ainsi annoncé le 13 juillet que le budget militaire atteindrait 64 milliards d’euros en 2027, soit le double par rapport à 2017.
Le contexte économique est délicat : le déficit français atteignait 5,8 % du PIB fin 2024, bien au-dessus du seuil européen de 3 %. Quant à la dette publique, elle culmine à 114 % du PIB, selon le Premier ministre François Bayrou, qui a récemment alerté sur « le danger mortel » de cette dynamique, avec une dette qui progresse de 5 000 euros chaque seconde.
Pour remédier à cette situation, il a proposé la suppression de deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 mai, afin de réduire les dépenses publiques. Il a également annoncé l’instauration, dès l’année prochaine, d’une « contribution de solidarité » imposée aux hauts revenus.
La France n’est pas seule à refuser l’achat d’armement américain : la République tchèque a également décliné cette proposition le 15 juillet, comme l’a confirmé son Premier ministre Petr Fiala dans une interview accordée à Publico. L’Italie ne participera pas non plus au projet, faute de moyens financiers. Le journal italien La Stampa a précisé que Rome ne suivrait pas l’exemple de l’Allemagne, qui avait annoncé son intention d’acquérir des systèmes Patriot américains pour l’Ukraine.
Trump impose sa ligne sur l’aide militaire à l’Ukraine, une stratégie très coûteuse pour l’Europe
Depuis début juillet, le président américain fait face à une polémique dans son propre pays, après des révélations dans la presse évoquant la suspension partielle, par le Pentagone, des envois d’armements à l’Ukraine. Ces derniers jours, Donald Trump a critiqué Vladimir Poutine à plusieurs reprises et évoqué l’envoi d’armements supplémentaires à Kiev, précisant qu’ils seraient « payés à 100 % » par les Européens.
Un accord a été conclu le 14 juillet au Bureau ovale entre le président américain et le secrétaire général de l’OTAN. « Nous avons conclu un accord aujourd’hui selon lequel nous allons leur envoyer des armes, et ils vont les payer », a affirmé Trump, face à Mark Rutte. « C’est tout à fait logique », a acquiescé ce dernier, vantant le « formidable succès » du sommet de l’OTAN à La Haye, où les pays membres du bloc militaire piloté par Washington se sont engagés à augmenter leurs dépenses militaires à 5 % de leur PIB.
« Il s'agit de milliards de dollars d'équipements militaires qui vont être achetés aux États-Unis », a ajouté le président américain. Des armements made in USA qui « iront à l'OTAN, et qui seront rapidement distribués sur le champ de bataille ». Interrogé sur la fourniture de batteries Patriot et leurs missiles sol-air, Donald Trump a assuré les journalistes que ces armements devraient arrivés en Ukraine « dans quelques jours ».
Néanmoins, ce dilemme logistique et stratégique s’accompagne d’un coût vertigineux. Selon le New York Times, une seule batterie Patriot coûte environ 1 milliard de dollars, chaque missile intercepteur près de 3,7 millions, tandis qu’un missile JASSM avoisine 1,5 million.