France

France : une commission parlementaire pour chiffrer le coût de l’immigration

Le groupe UDR, dirigé par Éric Ciotti, lance une commission d’enquête pour chiffrer le coût de l’immigration, confiée à Charles Alloncle. Visant à briser un tabou, elle suscite des critiques de la gauche pour stigmatisation. Les travaux, prévus pour 2025, analyseront dépenses et bénéfices économiques.

Le groupe UDR (Union des droites pour la République), présidé par Éric Ciotti, a obtenu la création d’une commission d’enquête parlementaire visant à évaluer le coût de l’immigration en France. Dirigée par le député UDR Charles Alloncle, cette commission, qui devrait débuter à la rentrée 2025 et durer six mois, ambitionne de briser un « tabou budgétaire » en fournissant des données officielles et transversales.

Il promet une approche « rigoureuse, méthodique et scientifique » pour chiffrer les dépenses liées à l’accueil, l’hébergement, la santé, l’éducation et la sécurité des immigrés, y compris dans les prisons et les centres de rétention administrative (CRA).

Une commission qui ne fait pas consensus

Il cite, par exemple, le coût de 100 euros par jour pour un détenu, avec un quart des 80 000 détenus en France étant étrangers, soit environ 700 millions d’euros annuels, hors frais annexes comme les procédures judiciaires ou l’aide juridictionnelle.

Cette initiative s’appuie sur des travaux antérieurs, comme une note de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie estimant le coût de l’immigration à 3,4 % du PIB par an, soit environ 95 milliards d’euros pour 2024. Charles Alloncle souhaite examiner le « coût net », intégrant les bénéfices économiques de l’immigration, pour contrer l’idée d’une immigration « chance pour la France ».

La commission analysera également les coûts indirects, comme ceux liés à la délinquance, un sujet sensible souvent associé à l’immigration dans le discours de l’UDR et du Rassemblement national (RN). En 2024, la Cour des comptes estimait à 2 milliards d’euros par an le coût de la lutte contre l’immigration irrégulière, soulignant la saturation des services.

Cette démarche est controversée. Des voix à gauche, comme La France insoumise (LFI), dénoncent une stigmatisation des immigrés, qualifiant la commission de « fasciste » ou « xénophobe ». En 2023, des débats sur la loi immigration avaient déjà révélé des tensions, avec des amendements LR et RN jugés inconstitutionnels. 

La commission pourrait accentuer la polarisation du débat, alors que des départements à forte immigration, comme la Seine-Saint-Denis, bénéficient d’une surreprésentation électorale.