France

La Cour des comptes dénonce l’inaction sur le logement des travailleurs saisonniers

Dans un rapport publié le 4 juillet, la Cour des comptes critique l’absence de politique publique pour le logement des 400 000 travailleurs saisonniers, un frein majeur au tourisme et à l’agriculture, appelant à un pilotage national et local.

La Cour des comptes tire la sonnette d’alarme : l’absence de politique publique pour le logement des travailleurs saisonniers fragilise des secteurs clés comme le tourisme (8 % du PIB) et l’agriculture.

Un manque qui fragilise les communes et interpelle les élus locaux, rapporte le Courrier des maires.

Dans un rapport publié le 4 juillet, les magistrats estiment à 400 000 le nombre de saisonniers nécessitant un hébergement près de leur lieu de travail, sur un total de 1,5 million. Pourtant, aucun décompte fiable n’existe, faute de définition claire du statut de saisonnier et d’un cadre juridique unifié.

Le tourisme et l’agriculture particulièrement visés

Cette lacune complique toute action coordonnée. Le tourisme et l’agriculture, qui emploient chacun la moitié de ces travailleurs, souffrent particulièrement. En 2022, 59 % des entreprises hôtelières ont réduit leur activité en haute saison faute de personnel, 84 % jugeant le recrutement difficile en raison du manque de logements. En viticulture, la situation est tout aussi critique. En Nouvelle-Aquitaine, région employant 250 000 saisonniers, la Chambre régionale des comptes pointe un déficit de 50 000 lits, aggravant les tensions sur le marché immobilier local. L’État et les collectivités territoriales sont épinglés pour leur absence de pilotage. Aucun suivi comptable spécifique n’existe, et les crédits alloués sont dilués dans des budgets généraux, rendant les coûts « difficilement mesurables ».

Dans plusieurs territoires, l’initiative est prise par les préfets comme dans les Pyrénées-Orientales, où des conventions pour le logement des travailleurs saisonniers ont été signées.

Le plan gouvernemental 2023-2025, censé améliorer l’emploi saisonnier, est jugé inefficace : sans objectifs chiffrés ni bilan d’étape, il n’a pas répondu aux besoins, même lors des Jeux olympiques de 2024. Les solutions comme l’utilisation d’internats ou le dégrèvement fiscal pour les propriétaires restent inadaptées ou peu utilisées.

Face à ce constat, la Cour salue des initiatives locales, comme les campings réhabilités ou la surtaxe sur les résidences secondaires à Saint-Tropez, qui a financé des logements modulaires pour 50 saisonniers.

La Cour des comptes propose sept recommandations, dont la réactivation des maisons des saisonniers dès 2025, l’intégration du logement saisonnier dans les programmes locaux de l’habitat, et des dérogations aux normes pour des constructions temporaires. En l’absence de pilotage national et local, la Cour insiste sur la diffusion des bonnes pratiques pour sécuriser les parcours des saisonniers et soutenir l’économie.