Jean-Luc Mélenchon, fondateur de La France Insoumise (LFI), a appelé, le 2 juillet, à la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et du journaliste sportif Christophe Gleizes, condamnés respectivement à cinq et sept ans de prison en Algérie. Dans un message publié sur X, il dénonce une « sévérité cruelle » et une « crispation inutile » entre Paris et Alger, exhortant le président algérien Abdelmadjid Tebboune à user de sa grâce présidentielle.
Boualem Sansal, 80 ans, est accusé d’« atteinte à l’unité nationale » pour des propos sur les frontières coloniales, tandis que Gleizes, arrêté en mai 2024, est condamné pour « apologie du terrorisme » après un reportage sur la Jeunesse sportive de Kabylie. Jean-Luc Mélenchon insiste : « Ni Christophe Gleizes, ni Boualem Sansal ne représentent un danger pour l’Algérie ».
LFI entre rupture et clarification
Cette prise de position marque une rupture avec la ligne antérieure de LFI. En mai 2025, les députés LFI s’étaient opposés à une résolution symbolique pour la libération de Sansal, suscitant des accusations d’ambiguïté et de complaisance envers le gouvernement algérien. Certains membres du parti avaient même qualifié Sansal d’« islamophobe » ou d’« extrême droite », alimentant les critiques. Cette volte-face intervient après une polémique interne déclenchée par le député LFI Sébastien Delogu. Lors d’un récent déplacement en Algérie, ce dernier a critiqué le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, sans mentionner les cas de Sansal et Gleizes, provoquant l’embarras de LFI. Le parti a dû clarifier sa position, affirmant protester contre ces détentions et précisant que Delogu s’était exprimé à titre personnel.
Le contexte diplomatique est tendu depuis la reconnaissance par la France, en octobre 2024, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, qu'Alger considère comme une provocation. Cette crise, marquée par des expulsions de diplomates et la suspension d’accords bilatéraux, est exacerbée par les condamnations de Sansal et Gleizes, perçues comme des messages politiques d’Alger. Le gouvernement français, par la voix de François Bayrou et Sophie Primas, espère une grâce présidentielle à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance algérienne, le 5 juillet.
Jean-Luc Mélenchon, tout en plaidant pour une relation apaisée entre les deux pays, doit naviguer entre les attentes de son électorat et les accusations de complaisance. Cette affaire révèle les tensions internes à LFI et les défis d’une diplomatie franco-algérienne en crise.