France

Bras de fer sur l’immigration : Marine Le Pen accuse Bruno Retailleau de «politique-fiction»

Dans une tribune au Figaro, Marine Le Pen accuse Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, de mener une politique migratoire illusoire, malgré des chiffres en baisse pour les visas, naturalisations et demandes d’asile. Ce bras de fer, à l’approche de 2027, révèle une lutte acharnée pour capter l’électorat de droite.

Depuis son arrivée au ministère de l’Intérieur en septembre 2024, Bruno Retailleau s’est positionné comme le fer de lance d’une politique migratoire ferme, visant à « reprendre le contrôle » d’un dossier brûlant. Avec une baisse de 7,5 % des visas de long séjour, une chute de 30 % des admissions exceptionnelles au séjour (AES), une diminution de 17 % des naturalisations et une hausse de 15 % des expulsions, le ministre des Républicains (LR) affiche un bilan qu’il juge encourageant. Pourtant, Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement national (RN), n’y voit qu’une « politique-fiction ».

Dans une tribune au Figaro publiée le 1ᵉʳ juillet 2025, elle dénonce un laxisme persistant, appuyée par des chiffres alarmants : 343 000 premiers titres de séjour en 2024, 130 000 demandes d’asile et un taux d’exécution des OQTF inférieur à 10 %. Ce duel, à deux ans de la présidentielle, illustre une rivalité féroce pour séduire l’électorat de droite.

Un phénomène migratoire qui perdure

Marine Le Pen dresse un tableau sombre de l’immigration en France, qu’elle qualifie de « massive et incontrôlée ». Selon elle, les 473 000 nouvelles entrées en 2024, sans compter les clandestins, équivalent à l’ajout annuel d’une « ville de la taille de Toulouse », pesant sur le logement, la santé et la sécurité. Elle fustige les 870 000 renouvellements de titres de séjour, en hausse de 8 000, et les 104 000 naturalisations, dont un tiers concerne des Maghrébins, notamment algériens (124 000 renouvellements, +24 %). « La France brade sa nationalité à des pays qui l’humilient », écrit-elle, citant les tensions avec Alger, exacerbées par la détention de Boualem Sansal.

Elle propose des mesures radicales : abroger le droit du sol, réduire le regroupement familial et conditionner l’aide au développement à la reprise des expulsés, estimant à 40 milliards d’euros le coût annuel de l’immigration. En réponse, Retailleau vante ses résultats : 141 134 visas de long séjour accordés d’octobre 2024 à avril 2025 (–7,5 %), 41 954 naturalisations sur huit mois (–17 %) et une hausse de 18,8 % des interpellations d’irréguliers. « J’inverse une tendance », se défend le ministre de l’Intérieur, qui revendique un large soutien des Français, estimé à hauteur de 70 %.

Par ailleurs, les défenseurs du ministre de l’Intérieur rappellent que Bruno Retailleau ne peut pas être tenu pour responsable de l’ensemble de l’année 2024, alors qu’il est arrivé Place Beauvau seulement en septembre 2024.

Le ministre de l’Intérieur promet désormais de réformer la directive européenne sur le retour des migrants et reçoit le soutien du gouvernement. Ainsi, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, ironise : « Marine Le Pen est obsédée par Retailleau ». L’affrontement RN/Retailleau pour 2027 semble déjà bien lancé.