Le 30 juin, un coup de tonnerre a secoué Nice : le maire Horizons, Christian Estrosi, son épouse Laura Tenoudji-Estrosi, chroniqueuse à Télématin, et Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, ont été placés en garde à vue à Marseille dans le cadre d’une enquête judiciaire. Les investigations, menées par la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille, portent sur l’organisation en 2023 de deux événements : l’Eurovision Junior, retransmis par France Télévisions, et le Nice Climate Summit, organisé par La Tribune. Les soupçons incluent « détournement de fonds publics », « prise illégale d’intérêts » et « faux en écriture publique ».
Un demi-million pour une table ronde
L’enquête sur le Nice Climate Summit a été déclenchée par un signalement d’élus écologistes niçois parmi lesquels Jean-Christophe Picard, contributeur chez Mediapart, qui n’a pas manqué de relayer les accusations contre l’édile niçois.
Laura Tenoudji-Estrosi devait y animer deux tables rondes, subventionnées à hauteur de 526 175 euros par la ville et la métropole. Face à la polémique, elle s’est retirée, la municipalité assurant qu’elle intervenait bénévolement. Pour l’Eurovision Junior, l’appareil judiciaire questionne le choix de confier à Laura Tenoudji la co-animation de la cérémonie d’ouverture, alors que la ville, dirigée par son mari, a financé l’événement à hauteur de 605 000 euros, suscitant des doutes sur un possible conflit d’intérêts.
Christian Estrosi et Delphine Ernotte sont sortis libres le soir même, sans charges retenues, selon leurs avocats. Me Mathias Chichportich, conseil d’Estrosi, dénonce une « instrumentalisation politique » et rappelle qu’une plainte pour dénonciation calomnieuse a été déposée. Laura Tenoudji-Estrosi est également sortie libre, mais aucun détail officiel sur son statut n'a été communiqué. L’opposition, menée par Jean-Christophe Picard, insiste sur une « prise illégale d’intérêts évidente », critiquant un manque de transparence dans la gestion niçoise.
La ville de Nice, sollicitée, s’est abstenue de commenter, invoquant le secret de l’enquête. France Télévisions, déjà affectée par une grève liée à la réforme de l’audiovisuel, a assuré collaborer pleinement avec la justice. Ces gardes à vue, survenues à la veille des 70 ans d’Estrosi et de sa campagne pour 2026, alors que le maire de Nice sort d’une polémique impliquant l’affichage illégal d’un drapeau israélien sur le fronton de sa mairie, ravivent les tensions politiques locales, les opposants dénonçant une gestion « dans l’entre-soi ».