France

Grève à Radio France : mobilisation contre la réforme et les réorganisations

Depuis le 26 juin, les antennes de Radio France sont perturbées par une grève illimitée. Les syndicats protestent contre la réforme de l’audiovisuel public et les réorganisations internes, craignant pour l’indépendance, les emplois et l’avenir du groupe.

Depuis jeudi 26 juin 2025, les programmes de Radio France, incluant France Inter, Franceinfo et FIP, sont fortement perturbés par une grève illimitée lancée par l’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, SNJ, SUD, UNSA).

Le 25 juin, en clôture de la conférence de presse des syndicats de Radio France, les musiciens des orchestres de l'entreprise ont joué symboliquement le « Lacrimosa » du requiem de Mozart.

Cette mobilisation, qui précède celle des autres médias publics, vise à défendre l’identité, les métiers et les moyens de Radio France face à deux changements perçus comme des menaces : le projet de réforme de l’audiovisuel public et les restructurations internes impulsées par la direction.

France Médias dans le viseur des syndicats

Le projet de création d’une holding, France Médias, porté par la ministre de la Culture Rachida Dati et examiné à l’Assemblée nationale les 30 juin et 1er juillet, cristallise les inquiétudes. Cette structure regrouperait Radio France, France Télévisions et l’INA sous l’autorité d’un PDG unique, privant Radio France de son conseil d’administration et de son budget propre. « Nous deviendrions une simple filiale, sans autonomie », dénonce Bertrand Durand (CGT). Les syndicats redoutent une perte d’indépendance éditoriale, amplifiée par la proposition de nommer un directeur de l’information unique, issue du rapport de Laurence Bloch. Cette mesure provoquerait une uniformisation des lignes éditoriales et exposerait les rédactions à des pressions externes.

Dans leur mobilisation, les syndicats ont reçu le soutien de la gauche Génération (NFP) à l’image de la députée Sophie Taillé-Polian qui a, par ailleurs, réclamé la démission de Rachida Dati.

À ces craintes s’ajoutent des griefs internes. La suppression de Mouv’ sur la FM, en échec d’audiences, remplacée par une radio pour enfants d’ici un an, interpelle les salariés. « Cette décision brutale prive 62 personnes, dont 32 précaires, de perspectives claires », déplore Benoît Gaspard (SUD). La réforme du réseau ICI (ex-France Bleu) et la réduction de la fréquence de programmes phares comme « Secrets d’info » suscitent aussi des inquiétudes, perçues comme une « reprise en main » des contenus. « On passe d’une logique d’expertise à une employabilité au rabais », critique Guillaume Baldy (FO).

De son côté la ministre de la culture maintient son cap et a affirmé le 26 juin sur Sud Radio : « Tous les rapports parlementaires disent depuis 10 ans qu’il faut réformer l’audiovisuel public. Le statu quo n’est plus possible ! ».

La grève implique une suspension d’une partie des programmes sur le canal 16 anciennement occupé par CNews et désormais par France Info et cela en pleine guerre des chaînes d’information pour l’audience.

Un rassemblement est prévu ce jeudi à 13 h devant la Maison de la Radio et de la Musique, et une manifestation pourrait suivre le 30 juin.

Malgré le soutien de la présidente Sibyle Veil à certaines réserves sur la holding, les syndicats jugent problématique l'application anticipée des recommandations du rapport Bloch. La grève, qui pourrait s’étendre à France Télévisions et l’INA dès lundi, traduit un ras-le-bol général face à une réforme jugée « dangereuse » pour l’audiovisuel public par les syndicats.