France

Accord sur la reconversion professionnelle : un compromis pragmatique sous contraintes

Patronat et syndicats ont conclu, le 25 juin, un accord sur la reconversion professionnelle, après un mois de négociations. Voulu par le gouvernement, ce texte vise à simplifier les transitions tout en sécurisant les droits des salariés, malgré un cadre budgétaire restreint.

Après un mois de négociations intenses, patronat et syndicats ont trouvé un terrain d’entente, mercredi 25 juin, sur la reconversion professionnelle. Cet accord, impulsé par le gouvernement, s’inscrit dans un projet de loi plus large, centré notamment sur l’emploi des seniors, un enjeu clef face au retard de la France par rapport à ses voisins européens. Contrairement à l’échec des discussions sur les retraites, ce compromis marque une rare réussite dans le dialogue social en France.

Les syndicats vigilants face au risque de licenciement déguisé

Le texte, bien que modeste en raison de contraintes budgétaires, modernise les dispositifs existants. « On réorganise de façon plus fluide les outils de reconversion, mais l’ambition reste mesurée », a commenté Yvan Ricordeau (CFDT). L’accord garantit que le compte personnel de formation (CPF) reste sous le contrôle du salarié, qui devra donner son accord pour son utilisation. Dans le cadre d’une mobilité interne, seuls 50 % du CPF pourront être mobilisés, préservant ainsi une partie des droits du salarié. Pour les reconversions externes, le texte encadre strictement les démarches afin d’éviter tout risque de licenciement déguisé, une demande forte des syndicats.

Les organisations syndicales, bien que prudentes, saluent des avancées. Aline Mougenot (CFTC) a souligné l’intégration d’un consentement explicite du salarié pour les reconversions externes, tandis que Michel Beaugas (FO) a noté qu’« aucun droit n’a été perdu ». La CGT, par la voix de Sandrine Mourey, a critiqué la rapidité des négociations, estimant que le sujet méritait plus de temps, mais reconnaît des progrès. Côté patronat, Hubert Mongon (Medef) a salué un texte qui « met la formation au service de l’emploi ».

Un point notable concerne le projet de transition professionnelle (PTP), pour lequel les syndicats ont obtenu un droit à la réintégration dans l’entreprise d’origine en cas d’échec de la reconversion. Ce « filet de sécurité » vise à rassurer les salariés. Le texte sera transmis au ministère du Travail pour intégration dans le projet de loi sur l’emploi des seniors, examiné dès lundi par l’Assemblée.

Cet accord, bien que perfectible, offre une réponse pragmatique aux besoins de mobilité professionnelle, tout en tenant compte des réalités économiques. Il pourrait contribuer à dynamiser l’emploi des seniors, un défi majeur pour la France alors que le marché de l’emploi est morose.