Le « conclave » sur les retraites voulu par François Bayrou s’est achevé sur une impasse, le 23 juin, après quatre mois d’âpres discussions. Syndicats et patronat n’ont pas réussi à trouver de compromis pour ajuster la réforme de 2023, accentuant la crise politique autour du Premier ministre.
Ce 24 juin au matin, Bayrou a annoncé une nouvelle réunion à Matignon avec les partenaires sociaux (CFDT, CFTC, CFE-CGC, Medef, CPME) pour « rechercher une voie de passage ». « Je ne peux accepter qu’on échoue si près du but », a-t-il déclaré, évoquant des avancées sur les retraites des mères ou la gouvernance du système.
Mais les désaccords profonds, notamment sur la reconnaissance de la pénibilité, ont miné les négociations et ouvrent la voie à de nouvelles incertitudes politiques, tant avec les syndicats qu’avec les oppositions à l’Assemblée, qui avaient déjà brandi la menace d’une motion de censure.
Le mécontentement des syndicats et du PS
La CFDT, par la voix de Marylise Léon, a dénoncé la « lourde responsabilité » du patronat, accusé de bloquer toute avancée sur les départs anticipés pour métiers pénibles. Elle a par ailleurs estimé que les discussions avaient débouché sur une impasse : « On a constaté l'échec [...] Il faut savoir arrêter de discuter quand on se dit qu'il n'y a pas de voie de passage. »
Le Medef, représenté par Patrick Martin, relativise : « Ce n’est pas la fin du monde, une voie de passage existe ». Il évoque des interférences politiques, notamment les déclarations de François Bayrou sur l’impossibilité de revenir aux 62 ans, comme facteur de blocage.
Le Parti socialiste, par la voix d’Olivier Faure, hausse le ton. Sur BFM/RMC, il a menacé de déposer une motion de censure si le Parlement n’est pas saisi, comme promis par Bayrou. « Il a donné un droit de veto au Medef, qui l’a utilisé », a fustigé le Premier secrétaire du PS, accusant le Premier ministre d’avoir « vicié » les discussions.
La CGT, bien que non conviée à Matignon, exige via Sophie Binet d’être incluse, dénonçant un « échec programmé » par Bayrou, qui n’aurait pas facilité un accord.
La réunion de mardi, prévue à 10 h et 11 h, risque de ne pas apaiser les tensions. La CFDT y participera sans illusion de relancer les négociations, tandis que la CPME se dit prête à chercher un compromis.
Cet échec fragilise François Bayrou, qui a déjà fait face à une première motion de censure au début du mois de juin, dont l’initiative visait à éviter une censure socialiste. Alors que le déficit des retraites pourrait atteindre 6,6 milliards d’euros d’ici 2030, la réforme devient un baril de poudre politique.