France

Un moratoire controversé sur l’éolien et le photovoltaïque adopté à l’Assemblée nationale

L’Assemblée nationale a adopté un moratoire sur les nouveaux projets éoliens et photovoltaïques, porté par LR et soutenu par le RN, provoquant une vive controverse. Critiqué comme «irresponsable» par le gouvernement et la gauche, il menace 80 000 emplois et l’objectif de neutralité carbone 2050. Le texte sera voté avant une lecture au Sénat.

Le 19 juin 2025, l’Assemblée nationale française a adopté un amendement instaurant un moratoire sur le développement de nouveaux projets éoliens et photovoltaïques, suscitant une vive polémique.

Cette mesure, portée par le député Les Républicains (LR) Jérôme Nury dans le cadre de l’examen d’une proposition de loi sur l’avenir énergétique de la France, a été votée grâce au soutien des voix de l’extrême droite, notamment du Rassemblement national (RN) et du groupe d’Éric Ciotti.

Discorde politique

L’adoption s’est faite dans un hémicycle marqué par l’absence notable d’une grande partie des députés du bloc central (Renaissance, Horizons, MoDem) et de la gauche, permettant ainsi à la droite et à l’extrême droite de faire pencher la balance. Ce moratoire suspend l’instruction et le développement de tout nouveau projet d’installation éolienne ou photovoltaïque jusqu’à la réalisation d’une étude sur le mix énergétique optimal pour la France.

Cette décision a provoqué un tollé parmi les opposants, qui y voient une entrave majeure à la transition énergétique. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a qualifié le vote de « parfaitement irresponsable », soulignant le signal négatif envoyé aux acteurs industriels. Le rapporteur du texte, Antoine Armand (Renaissance), a dénoncé une « catastrophe économique et industrielle », tout en refusant la demande de la gauche de retirer le texte.

France Renouvelables, une organisation professionnelle du secteur, a alerté sur les conséquences dramatiques, estimant que ce moratoire pourrait entraîner la destruction de 80 000 emplois, qualifiant la mesure de « l’un des plus grands plans sociaux décidés à l’Assemblée ».

Les critiques soulignent également l’incohérence du vote, alors que, le même jour, un amendement socialiste fixant un objectif de 200 térawattheures d’électricité renouvelable d’ici 2030 avait été adopté avec le soutien de LR. Cette contradiction a été pointée du doigt par des élus de gauche, comme Matthias Tavel (LFI), qui a interrogé : « Comment atteindre cet objectif sans éolien ni photovoltaïque ? »

Pour Nicolas Richard, vice-président de France Nature Environnement, ce moratoire compromet gravement l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Le texte, qui inclut également une relance du nucléaire, n’est pas encore définitif. Son examen se poursuit à l’Assemblée, avec un vote solennel prévu le 24 juin 2025, suivi d’une seconde lecture au Sénat à partir du 8 juillet.